Selon une chercheure, les jeunes s’intéressent aux questions ‘personnelles’ plutôt qu’aux questions nationales
ST CATHARINES, Ontario – le 28 mai 2014 – Une chercheure de l’Université Queen’s en Ontario affirme que les jeunes d’aujourd’hui s’intéressent aux questions politiques – mais ce qui les intéresse ne correspond pas aux préoccupations des personnes plus âgées.
Et elle soutient que pour impliquer de nouveau les jeunes en politique, il faudra que les politiciens (et les médias) se mettent sur la même longueur d’ondes qu’eux.
Heather Bastedo fait des travaux postdoctoraux en politique canadienne à Queen’s. Elle est l’auteure, avec Christopher Waddell de l’Université Carleton, d’une étude qui examine le désengagement des jeunes face à la politique. Elle présente les résultats de son étude au Congrès 2014 de la Fédération des sciences humaines.
Le taux de participation aux élections est à la baisse au Canada, en partie à cause du fait que les jeunes de moins de 30 ans se désengagent de la politique. Par exemple, affirme Mme Bastedo, les trois-quarts d’entre eux ne votent pas.
Bien que cela ne menace pas pour le moment la légitimité de nos gouvernements, elle affirme que ce désengagement menace notre vie démocratique à plus long terme.
Mme Bastedo dit que son étude auprès des jeunes partout au Canada montre qu’il y a des questions qui les intéressent beaucoup – même s’ils ne s’intéressent pas à la politique en tant que tel.
Le hic, selon elle, c’est que ces questions sont ce qu’elle appelle des questions ‘personnelles’ et qui sont généralement de ressort municipal ou provincial plutôt que national.
Par exemple, les jeunes à St-Jean (Terre-Neuve-et-Labrador) s’intéressent au coût élevé des aliments et au transport en commun. À Scarborough, en Ontario, on a parlé de harcèlement policier, et à Montréal, de la piètre qualité de l’enseignement.
« J’ai découvert que sept jeunes sur 10 s’intéressaient de près à des questions qui n’étaient pas de ressort fédéral, dit-elle, tandis que pour les gens de plus de 30 ans, 60 pour cent avaient des préoccupations de nature nationale ».
Mais depuis quelques années la façon de faire de la politique au Canada a changé et ces changements coïncident avec la dégringolade de la participation des jeunes aux élections.
Par exemple, Mme Bastedo affirme que désormais on pratique ce qu’elle appelle ‘la politique du détail’, où des grands stratèges créent des plateformes électorales en fonction des intérêts pointus de groupes de personnes qui sont susceptibles de voter.
« Ces stratèges ne s’intéressent pas aux jeunes parce qu’ils ne votent pas, » dit-elle.
Qui plus est, les médias ont depuis le milieu des années 1990 coupé dans la couverture des activités du député local pour se concentrer sur les questions d’ordre national. Les questions qui intéressent les jeunes sont donc moins en évidence dans les médias.
Selon Mme Bastedo, il sera difficile d’intéresser de nouveau les jeunes au processus politique.
On pourrait être tenté de le faire à travers les médias sociaux, mais elle affirme que ce sont les jeunes déjà engagés dans le monde politique qui utilisent les médias sociaux à ces fins. En fait, selon elle, les médias sociaux ne sont qu’une caisse à résonance pour les jeunes déjà engagés.
Elle suggère plutôt de remettre l’accent sur les questions locales en politique fédérale et d’encourager les médias locaux à expliquer ce qui se passe à Ottawa.
Elle se dit encouragée par le fait que 40 pour cent des jeunes qui ont à cœur un enjeu personnel se disent au moins un peu intéressés par la politique.
« Il n’est pas encore temps de laisser tomber cette génération, ni la démocratie », affirme-t-elle.
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