Façonner l’IA - sensibilité, risques éthiques et sécurité de l'emploi
La relation entre les êtres humains et les systèmes d'IA est sans aucun doute une question brûlante dans le monde universitaire et dans le monde en général. Les récents développements de la technologie de l'IA ont soulevé des questions éthiques qui nous amènent tou.te.s à nous interroger : comment garantir que l'IA sera utilisée de manière responsable et équitable?
Lors de la première causerie Voir Grand au Congrès des sciences humaines 2024, des chercheur.euse.s estimé.e.s, le Professeur Jocelyn Maclure et Céline Castets-Renard, ont discuté de l'éthique des systèmes d'IA et de la façon dont ils pourraient affecter les droits de l'homme, la justice sociale et le paysage politique de l'avenir.
L'intelligence artificielle sensible - réalité ou fiction?
M. Maclure a ouvert la discussion en soulignant les faits saillants entre les systèmes d'IA réels, tels que les grands modèles de langage (LLM) que nous utilisons aujourd'hui, et ce qu'il a appelé les « systèmes d'IA supposés », tels que l'intelligence artificielle sensible.
« Il est important de faire la distinction entre les systèmes d'IA que nous utilisons et ceux que nous pensons », a-t-il expliqué. L'intelligence artificielle telle que nous la voyons dans les films et les romans de science-fiction reste fermement dans le domaine de l'imagination dans le contexte moderne, a-t-il poursuivi. « L'intelligence et la conscience sont basées sur la biologie [...] l'intelligence multidimensionnelle est liée à un corps qui ressent et expérimente le monde. »
LLM et systèmes d'IA générative - risques éthiques
S'il est peu probable que des robots sensibles voient le jour, la prolifération des LLM et des systèmes d'IA générative mis au point par les multinationales de la technologie pose en effet plusieurs problèmes éthiques. Céline Castets-Renard note que « nous devons nous demander si tous les usages de l'IA sont à prendre [...] c'est toute la question des risques de l'IA qui sont socialement inacceptables. »
Elle évoque la question de la « colonisation technologique », où les systèmes d'IA développés pour être utilisés dans les pays du Sud n'intègrent pas les perspectives locales. Elle a souligné les récents projets d'IA en Afrique de l'Ouest qui ont soulevé des questions de confidentialité des données pour les jeunes étudiant.e.s, par exemple. Un autre risque, comme l'a souligné le Professeur Maclure, est la propagation de la désinformation politique à grande échelle. « Les LLM peuvent être utilisés pour générer de la désinformation à grande échelle », a-t-il déclaré. Dans un contexte politique, cela représente un risque important pour la capacité du grand public à prendre des décisions cruciales au cours d'un cycle électoral.
L'IA finira-t-elle par remplacer tous les emplois?
La question du remplacement des humains par des systèmes d'IA sur le marché du travail dépend de la façon dont on considère les systèmes d'IA, a expliqué le Professeur Maclure. Bien que certains emplois soient potentiellement menacés, le Professeur Maclure a fait remarquer qu'il s'agit davantage d'une question d'intégration que de remplacement. « Nous devrons travailler avec l'IA sur le marché du travail », a-t-il déclaré, « l'intelligence humaine est toujours nécessaire [pour mettre en œuvre l'IA]. » Céline Castets-Renard a ajouté que la législation relative aux systèmes d'IA sera importante à l'avenir et a expliqué que « compte tenu de l'ampleur et des caractéristiques de l'IA aujourd'hui, je pense que nous devons adopter une législation. C'est ce qu'a fait l'Europe et ce que fera le Canada avec le projet de loi C-27. »
Il s'agissait de la première de nos quatre causeries Voir Grand du Congrès 2024. Explorez nos prochaines causeries sur comment Soutenir les cultures, Sauvegarder la nature et Faire vivre les communautés politiques.
Compétences pour la transition vers une carrière non universitaire après le doctorat
Pour de nombreux jeunes diplômé.e.s, sortir du monde universitaire pour entrer sur le marché du travail est décourageant. C'est encore plus déconcertant lorsque vous avez passé la majeure partie de votre vie dans le monde universitaire à étudier et à rédiger votre thèse de doctorat. C'est, entre autres, l'un des principaux sujets abordés lors des Dialogues TRaCE : Les trajectoires professionnelles des doctorant.e.s au-delà de l’académie (Foire aux carrières), à laquelle ont participé quatre titulaires d'un doctorat de l'Université McGill : Janet Janzen, Marie-Pierre Gadoua, Amanda Jarrell et Hélène Laurin, la discussion a porté sur leurs expériences respectives en matière de carrières non universitaires et sur la manière de rédiger un curriculum vitae efficace pour le marché du travail moderne.
Selon elles, il s'agit là de quelques-unes des meilleures compétences académiques à posséder lorsque l'on cherche un nouvel emploi en dehors du monde universitaire.
Discipline
« Travaillez pendant vos études pour vous faire connaître et développer votre CV. »
- Marie-Pierre Gadoua, docteure en anthropologie, coordinatrice de la programmation culturelle et de la médiation sociale à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
La combinaison de responsabilités professionnelles et universitaires exige un haut degré d'autodiscipline, de gestion du temps et d'établissement de priorités. En travaillant pendant vos études de doctorat, vous acquérez non seulement une expérience pratique, mais vous démontrez également votre capacité à gérer simultanément plusieurs tâches exigeantes. Il s'agit d'une qualité très appréciée des employeurs, car elle témoigne d'une fiabilité, d'une discipline et d'une éthique de travail exceptionnelles.
Détermination
« Allez postuler à des emplois pour lesquels vous n'êtes pas qualifié. Allez là où l'on vous apprécie. »
- Janet Janzen, docteure en études allemandes, directrice du marketing chez Revenue Management Labs
Les descriptions de poste énumèrent des qualifications idéales auxquelles peu de candidat.e.s répondent pleinement. En postulant quand même à ces postes, vous montrez aux employeurs potentiels que vous êtes déterminé.e dans votre capacité à apprendre et à vous adapter.
Compétences en matière de communication
« Les compétences en communication que j'ai acquises à l'université ont été importantes lorsqu'il s’agit de démontrer mes compétences et de faire mes preuves auprès de potentiels d'employeurs potentiels. »
- Marie-Pierre Gadoua, docteure en anthropologie, coordonnatrice de la programmation culturelle et de la médiation sociale à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Les compétences en communication que vous acquérez à l'université sont également essentielles pour développer des relations et un sentiment d'appartenance à la communauté au travail. Une communication efficace contribue non seulement à l'obtention d'un emploi, mais aussi à l'instauration d'un environnement de travail collaboratif.
Capacité d'adaptation
« J'ai quitté le monde universitaire avec un goût amer, mais j'ai réalisé que ce n'était pas une voie réaliste pour moi [...] Je devais trouver un moyen de me positionner dans l'industrie après l'université. »
- Amanda Jarrell, titulaire d'un doctorat en psychopédagogie, responsable de la recherche sur les utilisateurs chez Ubisoft Montréal
La capacité d'adaptation face à l'adversité est une compétence essentielle que l'on acquiert dans le milieu universitaire. L'un des premiers emplois d'Amanda était dans l'industrie de la fintech - un grand pas en avant par rapport à ses études de doctorat. Elle a réussi grâce à la capacité d'adaptation qu'elle a acquise tout au long de sa carrière universitaire.
Réflexion stratégique
« Il est tout à fait normal de quitter [un emploi]... il est bon pour votre carrière de quitter régulièrement des entreprises. »
- Janet Janzen, docteure en études allemandes, directrice du marketing chez Revenue Management Labs
La réflexion stratégique dans toute poursuite post-universitaire implique de prendre des décisions éclairées sur les changements de carrière et de comprendre les avantages à long terme de l'acquisition d'expériences diverses. « Nous [les titulaires d'un doctorat] avons une grande valeur pour les entreprises en raison du travail que nous avons accompli. Nous sommes formé.e.s pour voir le monde d'un point de vue unique que d'autres n'ont peut-être pas. »
« Au-delà du 'swipe' : Interroger les approches des applications de rencontres pour assurer la sécurité des utilisateur.trice.s »
Bienvenue au Congrès en Conversation, une série spéciale présentée par le balado Voir Grand et la Conversation Canada, dans laquelle nous invitons les chercheur.euse.s qui participent au Congrès à partager leurs recherches et leurs expériences dans le contexte de notre reponsabilité commune envers notre société, nos systèmes et notre planète.
Pour cet épisode, notre hôte Nehal El-Hadi, journaliste, rédactrice en chef et productrice à La Conversation Canada est accompagnée par Christopher Dietzel, chercheur postdoctoral à l'Université Concordia.
Les applications de rencontres telles que Tinder, Bumble et Grindr facilitent les rendez-vous, les rencontres et l'amitié, mais les individus peuvent subir toute une série de préjudices émotionnels, physiques, sexuels, financiers, sociaux et culturels en ligne et en personne. Cette étude examine dans quelle mesure les applications proposent des politiques, des fonctionnalités et des aides suffisantes pour répondre à l'éventail des préjudices que peuvent subir les différent.e.s utilisateur.trice.s. Pour ce faire, nous avons analysé les politiques de modération du contenu, les conditions générales, les dispositifs de sécurité et d'autres mécanismes intégrés à l'application de 30 applications de rencontres populaires au Canada. Les résultats mettent en lumière les politiques, les caractéristiques et d'autres aspects de l'expérience de l'application qui améliorent et/ou entravent la sécurité des divers utilisateur.trice.s et révèlent des lacunes dans les mesures de sécurité. Les résultats seront utilisés pour créer une carte interactive de la sécurité des rencontres numériques, un outil que les gens peuvent utiliser pour comparer les mécanismes de sécurité et les risques des applications, ce qui permet aux individus d'être mieux informé.e.s et d'agir plus efficacement lorsqu'ils prennent des décisions en matière de rencontres liées à la technologie.
Une plongée dans l'art de la bande dessinée québécoise
Michel Rabagliati, auteur de la série « Paul », et l'animateur et conférencier Michel Giguère ont récemment partagé la scène pour discuter de l'évolution de la bande dessinée québécoise. Grâce à cette conférence, nous avons pu découvrir non seulement le parcours remarquable de Rabagliati, mais aussi les réflexions profondes de Giguère sur cette industrie qui a beaucoup évolué au cours des dernières années.
Un Début Modeste et une Passion Dévorante
Rabagliati avait une grande passion pour la bande dessinée dès son plus jeune âge. Depuis son enfance, il souhaitait s'installer en Belgique, pays qu'il considérait comme le pays de la bande dessinée. Il a gardé son amour du dessin tout au long de sa carrière de graphiste et, en 1998, il commence enfin à dessiner la série Paul. L'importance de ces débuts modestes a été mise en évidence par Giguère, démontrant comment les rêves d'enfance peuvent se concrétiser en carrières fructueuses.
La Pandémie : Un Catalyseur de Création
La carrière récente de Rabagliati a été marquée par la pandémie de COVID-19. Pendant qu'il était temporairement sans emploi, il a trouvé du temps pour réaliser l'idée d'un livre qu'il avait depuis 15 ans. Selon Giguère, cette période de confinement a été un moment propice à la réflexion et à la créativité pour de nombreux artistes, offrant ainsi la possibilité de concrétiser des projets qui étaient en attente depuis longtemps.
La Genèse de « Paul » et l'Influence de La Pastèque
Rabagliati avait d'abord des activités telles que « Paul à la campagne » et « Paul apprenti typographe. » Toutefois, son échange avec les créateur.trice.s des Éditions de La Pastèque a tout modifié. Grâce à leur reconnaissance pour son travail, Rabagliati a pu publier ses œuvres. De nos jours, il détient le record de vente de la maison d'édition avec neuf albums de la série Paul et un hors-série Paul à Montréal. L'importance de La Pastèque dans la professionnalisation du milieu de la bande dessinée au Québec a été soulignée par Giguère, qui a mis en évidence leur rôle essentiel dans le succès de nombreux auteurs.
Un Style Unique et Engagé
Le style graphique de Rabagliati lui est propre, influencé par son utilisation d'Illustrator et son expérience en style graphique. Son style sec et incisif témoigne d'une économie de ressources et d'une efficacité narrative exceptionnelle. Les bandes dessinées de ce dernier sont à la fois accessibles et profondes, car il préfère dessiner plutôt que de décrire longuement les décors. Selon Giguère, ce style, bien qu'apparemment simple, est extrêmement efficace pour raconter des récits complexes et émotionnels.
L'Importance de la Narration et de l'Émotion
La véritable particularité de Rabagliati réside dans sa capacité à saisir l'essence de ses personnages et à raconter des récits profondément humains. Dans sa simplicité, chaque personnage, même le plus secondaire, est riche et touchant. Rabagliati reconnaît que « Paul » est son autre moi, ce qui lui donne la liberté de jouer avec les émotions et les situations de manière créative et libre. Selon Giguère, cette méthode offre aux lecteur.trice.s la possibilité de s'identifier aux personnages et aux récits, ce qui rend les bandes dessinées de Rabagliati universelles.
Les Perspectives de Giguère sur l'Avenir de la Bande Dessinée
Les réflexions de Giguère sur l'avenir de la bande dessinée au Québec ont également été exposées. Il a mentionné l'importance de soutenir les jeunes talents et de persévérer dans l'innovation dans le domaine. D'après lui, il est crucial de professionnaliser et de diversifier les éditeur.trice.s afin d'assurer un avenir prospère à la bande dessinée québécoise. Il a aussi souligné l'importance de projets tels que ceux de Rabagliati pour susciter l'inspiration et la motivation de la future génération d'artistes.
Discuter de l'innovation canadienne avec la présidente-directrice générale de la FCI, Mme O'Reilly Runte
O'Reilly Runte, présidente-directrice générale de la Fondation canadienne pour l'innovation, a organisé un événement inspirant qui a mis en lumière les travaux divers et percutants des innovateur.trice.s canadien.ne.s présenté.e.s dans son dernier roman intitulé Les Canadien.ne.s qui innovent : Rencontrez les pionnier.ère.s qui changent le monde. Nous avons eu la chance d'entendre cinq Canadien.ne.s innovateur.trice.s présenté.e.s dans son livre, à savoir Anna Triandafydillidou, experte en immigration, Andrew Pelling, chimiste créatif, Stan Gordon Harwood, développeur de logiciels devenu artiste visuel, et Bertha Maria.
Chaque panéliste a fait part de son parcours unique et de ses motivations, révélant un thème commun d'expérience internationale, de résilience et de passion profonde pour son domaine. Andrew Pelling, professeur à l'Université d'Ottawa et fondateur de plusieurs start-ups telles que Pelling Lab, a souligné le rôle de la sérendipité dans l'innovation, expliquant que de nombreuses innovations révolutionnaires naissent de moments inattendus et d'environnements qui encouragent la curiosité et l'expérimentation. M. Pelling estime que le fait de favoriser une culture où les individus se sentent libres de poser des questions et de prendre des risques peut accélérer le rythme de l'innovation.
Les récits des panélistes ont également mis en évidence l'adversité à laquelle ils ont été confrontés. La grande majorité des innovateur.trice.s sont issus de milieux modestes et ont tracé leur propre voie grâce à une éthique de travail rigoureuse et à leur détermination. Leurs réussites reposent sur la passion, le dévouement et une connaissance approfondie de leurs sciences et de leurs histoires respectives.
Mme O'Reilly Runte a conclu le panel en soulignant que l'innovation ne se limite pas à un seul domaine. Son livre célèbre des innovateur.trice.s de tous horizons, soulignant l'idée que tout le monde a le potentiel d'innover. Cette perspective inclusive nous rappelle que l'innovation peut venir de n'importe où et de n'importe qui, grâce à la diversité des expériences et des milieux.
Pour en savoir plus sur le livre d'O'Reilly Runte intitulé Canadians Who Innovate : The Trailblazers and Ideas That Are Changing the World (Les Canadien.ne.s qui innovent : les pionnier.ère.s et les idées qui changent le monde) d'O'Reilly Runte et pour vous procurer votre propre exemplaire, visitez le lien ci-dessous!
L'art et la musique en temps de crise
La carrière de Rachelle Chiasson-Taylor dans le monde de la musique est tout sauf conventionnelle. Avec une carrière couvrant les études de performance, la musicologie et la gestion des archives, elle a une capacité impressionnante à parler de la valeur de l'art et de la musique en temps de crise, et de la façon dont ils peuvent à la fois nous guérir et nous unir.
Dans son intervention, Rachelle a souligné l'importance de reconnaître et d'intégrer des perspectives diverses. Elle a notamment insisté sur l'importance historique des institutions qui jouent un rôle moteur, comme l'école de musique Vincent d'Indy, dont l'objectif était de faire revivre la musique religieuse après la Révolution française.
Le pouvoir durable de l'art de transcender l'identité personnelle et de parler d'expériences humaines universelles a été le mieux mis en évidence par l'accent mis par Rachelle sur l'importance de l'EDID dans les arts. Selon elle, l'inclusion marque une évolution significative de notre vocabulaire et de nos structures sociétales, contribuant à la fois à promouvoir et à mettre en œuvre le changement social. « Apportez votre humanité dans votre travail », a déclaré la Professeure Chiasson-Taylor, soulignant l'importance d'intégrer l'art et la musique dans nos actions collectives en faveur du changement.
Photographie avec l'aimable autorisation de Shawn Ayyadi Pilon