Jean-Marc Mangin, Directeur général, Fédération des sciences humaines
Lisez le Plan stratégique 2016-2020.
Nombreux sont ceux qui, au sein de la communauté universitaire, considèrent la planification stratégique avec un certain scepticisme. Soit parce qu’à leurs yeux le propos est une enfilade de vœux pieux ou qu’il est rédigé en langue de bois, beaucoup de critiques n’observent aucune modification significative du comportement ou du rendement organisationnel par l’adoption d’une telle démarche. La Fédération vient tout juste d’achever l’exécution de son plan stratégique 2011-2015. Qu’est-ce qui a changé? Quel bilan pouvons-nous dresser au regard des objectifs que nous nous étions fixés? Plutôt bon, j’oserais dire : sur 17 buts stratégiques, les objectifs opérationnels clés ont été atteints dans huit cas, des progrès notables enregistrés dans sept autres cas et un des objectifs officiellement abandonné par le conseil d’administration en 2013. Ces constatations internes ont reçu l’aval de la majorité de nos membres et partenaires au cours des consultations de 2014 et 2015. Les accomplissements dans trois objectifs majeurs sont résumés plus loin dans ce blogue.
Ces résultats offrent des fondations solides sur lesquelles s’appuyer. Néanmoins, il y a encore lieu de procéder à des choix stratégiques et le processus de consultation a aidé le Conseil d’administration à mettre au point notre nouveau plan. On nous incitait en particulier à :
- Porter une plus grande attention aux besoins exprimés et aux défis des sciences humaines, ce qu’il convenait de souligner en tant qu’élément clé de notre mandat et à l’égard des membres.
- Tenir les membres régulièrement informés de notre travail d’élaboration des politiques et de la façon dont il répond à leurs attentes.
- Élargir aux trois axes que comporte le plan notre résolution d’œuvrer à la réconciliation avec les peuples autochtones.
En faisant siens ces commentaires, le conseil d’administration a reformulé nos énoncés de vision et de mission et articulé un but spécifique axé sur la participation des membres. Dès 2020, la Fédération des sciences humaines aura développé avec les associations et les institutions membres un réseau plus coopératif qui favorise activement la valeur de la recherche et de l’enseignement dans le domaine des sciences humaines en tant que contributions significatives à la qualité de vie et à l’avancement d’une société inclusive, démocratique et prospère.
Le Plan stratégique 2016-2020 : tourné vers l’avenir
Notre nouveau plan peut se résumer en trois mots : meilleure mobilisation des membres. En nous appuyant sur les progrès accomplis de 2011 à 2015, nous souhaitons transformer la façon dont la Fédération et ses membres entretiennent leurs liens réciproques en favorisant le passage d’une relation fondée sur la prestation de services à un partenariat au sein d’un réseau dynamique et transformationnel où les membres participent activement à l’achèvement des espoirs et des aspirations communes. Cette détermination se traduira par un meilleur soutien apporté aux 85 000 chercheurs qui composent notre communauté en donnant vie et en participant à des débats publics qui attesteront de nos contributions collectives au bien public. Elle nous impose d’assumer notre responsabilité collective et de réparer le passé et nos relations avec les peuples autochtones du Canada en nous engageant—ensemble—dans une nouvelle voie inclusive et respectueuse de leurs droits distincts, de leurs langues et de leurs cultures qui, de ce fait, enrichit la société dans son ensemble. Il y a lieu d’espérer que notre voix sera également mieux perçue—et qu’elle exercera une influence accrue auprès des décideurs. Cela exigera une plus grande ouverture du Congrès au public canadien qui s’intéresse au monde des idées.
Le nouveau plan comporte un nombre limité de sous-objectifs : 9 (au lieu de 17) s’articulant autour de trois orientations stratégiques :
- Accroître notre visibilité
- Améliorer notre pertinence à l’égard des membres
- Assurer notre viabilité
Je vous invite à lire notre nouveau plan et à en faire part à vos collègues. Le plan représente un appel à agir et ne deviendra réalité que grâce à l’engagement de nos membres.
Le plan n’est ni illusoire ni utopique. Les cinq dernières années ont démontré ce que nous pouvons accomplir ensemble.
Meilleure communication avec les membres
Nous avons procédé à une refonte complète et à la relance de nos sites Web, nos plateformes de médias sociaux et notre Communiqué mensuel par l’ajout d’un contenu substantiel inspiré par l’apport des membres, notamment dans les domaines de la réconciliation avec les peuples autochtones et la mesure des incidences de la recherche en sciences humaines (SH). Nous avons introduit une nouvelle campagne engageante (Les idées peuvent...) qui nous permet de mettre en valeur nos contributions collectives au bien public. Le Congrès des sciences humaines continue d’être notre événement prestigieux—aussi bien pour nos membres que pour le grand public. Nous avons consolidé la programmation interdisciplinaire et accompli de grandes avancées en vue de l’ouverture du Congrès au public. Des défis demeurent : beaucoup de participants ont tendance à rentrer chez eux sans bien connaître la Fédération ou ses autres activités et les participants ont encore trop de difficultés à accéder à la programmation d’autres associations.
En phase avec notre temps
Depuis 1942, le Prix d’auteurs pour l’édition savante (PAES) a joué un rôle vital dans la publication et la diffusion d’ouvrages scientifiques dans les domaines des SH au Canada. Un changement d’identité visuelle, un projet pilote en collaboration avec l’Université York et des efforts supplémentaires sur le plan des relations avec les médias ont rehaussé l’image du PAES. Par ailleurs, des procédures internes ont été revues en rendant le programme plus à propos et efficace.
En matière de gouvernance, la Fédération a connu des changements considérables au cours des cinq dernières années. En mars 2013, au terme d’un long processus de consultation et d’étude, la Fédération a adopté une nouvelle structure pour son conseil d’administration. L’ancienne structure, fondée sur un modèle représentatif, était trop vaste, encombrante et onéreuse. Le nouveau modèle est plus agile et axé sur la recherche de compétences spécifiques visant à permettre à la Fédération de remplis plus efficacement son mandat. La Fédération peut compter aujourd’hui sur un conseil d’administration beaucoup plus engagé. Puisqu’elle recherche désormais des administrateurs possédant une expertise dans les domaines connexes à sa mission, leurs connaissances et les réseaux auxquels ils appartiennent amènent le conseil d’administration à s’engager davantage et nous permet d’aborder avec une confiance et une crédibilité bien plus grandes les questions qui importent aux yeux de nos membres.
Investir dans des partenariats qui comptent
Au fil des ans, la Fédération s’est focalisée d’une façon quelque peu disproportionnée sur le Congrès, aux dépens de notre présence à Ottawa et dans d’autres forums publics. Cette situation est en train de changer. La Fédération a renouvelé et approfondi sa collaboration avec d’autres organisations qui partagent les mêmes préoccupations, Aussi, elle entretient des relations étroites avec Universités Canada (anc. Association des universités et collèges du Canada), Mitacs, la Société royale du Canada et le Forum des politiques publiques du Canada, entre autres. Les activités qu’elle entreprend et sa programmation, seraient de toute évidence impossibles sans son partenariat renouvelé avec le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). La Fédération a établi de nouvelles relations avec d’autres organismes financés par le gouvernement fédéral (IRSC, Innovation Canada, ICRA, Génome Canada, Office national du Film, etc.). Dans les années récentes, elle a également investi, de façon modeste, dans des partenariats internationaux, notamment avec l’American Council of Learned Societies.
La Fédération a entrepris dans ces dernières années de promouvoir les avantages de l’innovation sociale et d’une érudition engagée pour le bien commun des Canadiens. Citons, parmi les initiatives les plus importantes le projet « Collaboration campus-collectivité », une table ronde tenue à la University of Guelph en 2012, des tables rondes en présence du gouverneur général aux Congrès de 2012, 2013 et 2015 et la tenue d’un événement spécial consacré à l’innovation sociale sur la Colline du Parlement en février 2014.
La Fédération a accompli des progrès sur le plan de la création de contenus et des relations avec les médias, y compris le lancement d’un blogue dynamique sur le site Web de la Fédération, la publication régulière de lettres d’opinion dans The Globe and Mail et The Hill Times, une présence accrue dans les médias sociaux et la participation de médias nationaux au Congrès. Ce type de médias cultivés ont aidé la Fédération à établir sa réputation d’interlocuteur crédible dans les discussions qui concernent la recherche, l’éducation et l’apprentissage dans le domaine des sciences humaines. Finalement, en qualité de porte-parole national de la communauté des sciences humaines, la Fédération joue un rôle dans la formulation d’observations à l’intention des instances politiques—par l’entremise de mémoires présentés dans le cadre des consultations prébudgétaires, l’élargissment d’admissibilité des organisations de la société civile telle que Mitacs, etc.—et elle maintient une présence régulière sur la Colline du Parlement à la faveur de sa série de causeries Voir grand.
Rétablir la stabilité financière
Parmi les nombreux objectifs de la Fédération, celui de la sécurité financière peut paraître circonstanciel ou évident. Il convient cependant de se rappeller qu’elle est sous-jacente au succès de toutes les autres activités que nous mettons à exécution. Au cours des dernières années, la Fédération a réalisé d’immenses progrès dans ce domaine, en particulier depuis l’élimination de son déficit structurel rendue possible grâce à un examen périodique de ses coûts de fonctionnement et une budgétisation plus prudente. Dès 2015, la Fédération a été en mesure de rétablir ses réserves à hauteur des niveaux antérieurs à 2008 et d’envisager des investissements modestes dans ses systèmes, y compris une nouvelle infrastructure des bases de données.
Perspectives d’avenir
La Fédération est bien placée pour apporter une contribution au bien public. Bien que la pression qui s'exerce sur notre communauté soit bien réelle, notre avenir n’est pas des plus sombres. Nous devons participer pleinement à l’évolution de notre société, en contribuant par notre imagination, nos idées, avec empathie et compréhension. Il est tout à fait clair que le succès de notre nouveau plan dépend de la qualité et de la profondeur de notre engagement envers les membres. Le Secrétariat a fait sienne cette exigence mobilisatrice et nous reconnaissons qu’il s’agit d’un chemin à double sens. C’est pourquoi nous faisons appel à vous, nos membres: apportez vos idées, votre passion et nous occuperons ensemble cet espace public!