Congrès en Conversation - Partie II avec Kshamta Hunter

Balado
16 novembre 2023

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Introduction | À propos de l'invitée | La recherche de Kshamta Hunter au Congrès | Transcription | Suivez nous

 

 

Introduction

Bienvenue au Congrès en Conversation, une série spéciale présentée par le balado Voir Grand et la Conversation Canada, dans laquelle nous invitons les chercheur.euse.s qui participent au Congrès à partager leurs recherches et leurs expériences dans le contexte de notre reponsabilité commune envers notre société, nos systèmes et notre planète.

Pour cet épisode, notre hôte Nehal El-Hadi, journaliste, rédactrice en chef et productrice à La Conversation Canada est accompagnée par Kshamta Hunter, Responsable de l'apprentissage transformateur et de l'engagement des étudiant.e.s au sein du pôle de durabilityé de l'Université de Colombie-Britannique.

 

À propos de l'invitée

Photo de Kshamta Hunter

 

Kshamta Hunter est Responsable de l'apprentissage transformateur et de l'engagement des étudiant.e.s au sein du pôle de durabilité de l'UBC. Elle est également chargée de cours à temps partiel au département des programmes d'études et de la pédagogie. Elle est coprésidente des publications de l'Association canadienne pour l'étude des programmes d'études et membre du comité consultatif de rédaction du Journal de l'Association canadienne pour l'étude des programmes d'études.

Les recherches de la Professeure Hunter ont exploré les intersections entre l'apprentissage de la durabilité et le leadership, en utilisant les cadres de l'apprentissage transformateur et de l'innovation sociale.

 

La recherche de Kshamta Hunter au Congrès

Le document de recherche de la Professeure Hunter s'intitule « Un nouveau cadre d'éducation climatique pour la formation des enseignant.e.s ».

Résumé

Le changement climatique et ses conséquences sociales ont nécessité de repenser les pédagogies traditionnelles. Les éducateur.trice.s sont confronté.e.s au défi d'engager les apprenant.e.s dans ces conversations, mais aussi de soutenir et d'aborder la gamme d'émotions et de complexités pédagogiques qui impliquent des réalités socio-scientifiques. La pédagogie de la bonté climatique (CKP) tente de synthétiser diverses approches éducatives axées sur le climat, la bonté et la justice en une pédagogie globale destinée à répondre au besoin pressant des éducateur.trice.s et des apprenants de reconceptualiser leur relation les uns avec les autres et avec la planète, tout en offrant un cadre pour intégrer l'éducation climatique dans l'enseignement et l'apprentissage.

 

[00:00:15] Nehal El-Hadi : Bienvenue au Congès en Conversation, une série spéciale présentée par le balado Voir Grand et la Conversation Canada, où nous invitons les chercheur.euse.s qui participent au Congrès 2024 à partager leurs recherches et leurs expériences dans le contexte de notre responsabilité partagée envers notre société, nos systèmes et notre planète.  

[00:00:34] Je m'appelle Nehal El-Hadi, journaliste, rédactrice en chef et productrice à La Conversation, et je suis votre hôte pour cette rubrique spéciale du Congrès en Conversation. Aujourd'hui, je suis accompagnée de Kshamta Hunter, responsable de l'apprentissage transformateur et de l'engagement des étudiant.e.s au sein du pôle de durabilité de l'Université de Colombie britannique.

[00:00:56] Comment en sommes-nous arrivés à ce stade de vos recherches?

[00:00:59] Kshamta Hunter : J'ai obtenu un diplôme en biogénétique cellulaire et je me suis lancée dans l'enseignement. J'ai donc une formation d'éducatrice, d'enseignante, principalement en biologie et en sciences. J'ai enseigné pendant trois ou quatre ans. Si l'on compare la façon dont on m'a enseigné d'une certaine manière à la façon dont on enseignait dans nos écoles ici, j'ai manqué beaucoup de cet enseignement axé sur les valeurs.

[00:01:27] Vous savez, des choses simples, que les parents pensent que les enseignant.e.s enseignent et que les enseignant.e.s pensent que les parents les enseignent, mais personne n'enseigne vraiment ou ne facilite ces conversations. Je suis donc revenue pour faire ma maîtrise et c'est là que je suis tombée sur ce concept de durabilité et, dans ce concept, sur l'idée de justice sociale et d'approches basées sur les valeurs.  

[00:01:50] C'est donc là que j'ai commencé. Ensuite, j'ai fait mon doctorat en durabilité, curriculum et pédagogie et j'ai fait partie de ce groupe - je fais toujours partie de ce groupe - appelé Kindness Project, qui a été lancé à UBC par un.e étudiant.e avec qui j'ai travaillé en étroite collaboration, et nous avons lancé ce groupe, qui est maintenant un réseau transdisciplinaire d'éducateur.trice.s à travers le Canada, y compris des professeur.e.s, du personnel et des étudiant.e.s.

[00:02:19] L'inspiration pour ce projet, en fait, la pédagogie de la gentillesse climatique a débuté de cette idée de comment pouvons-nous introduire la gentillesse dans notre éducation, dans nos approches d'enseignement et d'apprentissage. C'est donc en partie une source d'inspiration, mais c'est aussi parce que nous avons compris que le système éducatif actuel ne nous convenait pas.

[00:02:42] Il nous a fait défaut à bien des égards. Alors comment introduire dans notre système éducatif ces approches fondées sur les valeurs, la bonté et les traumatismes? C'est donc ces deux faits qui ont inspiré le projet.

[00:02:57] Nehal El-Hadi : Et maintenant, vous êtes responsable de l'apprentissage transformateur et de l'engagement des étudiant.e.s, n'est-ce pas, à l'Université de la Colombie-Britannique?

[00:03:02] Kshamta Hunter : Oui, et également professeure à la faculté d'éducation.

[00:03:06] Nehal El-Hadi : Comment votre rôle d'instructrice et de gestionnaire de l'apprentissage a-t-il informé ou influencé votre recherche?

[00:03:13] Kshamta Hunter : Je crois que c'est la clé de mon travail parce qu'en tant que responsable de l'apprentissage transformateur et de l'engagement des étudiant.e.s, je travaille en étroite collaboration avec des étudiant.e.s, des jeunes, âgés de 16, 17 et 30 ans environ.  

[00:03:27] Je pense que j'ai vraiment de la chance, et je le dis toujours, de pouvoir faire cette recherche, de l'appliquer et de la tester, un peu comme si le campus était un laboratoire vivant où je fais de la recherche, mais où je la teste vraiment sur le terrain avec les étudiant.e.s, la faculté, le personnel, et où je peux ensuite informer, le travail, la recherche, ce qui est nécessaire, pour informer nos pratiques.

[00:03:57] Mes deux rôles sont donc étroitement liés, et se croisent, le leadership et l'apprentissage d'une manière très cohésive.

[00:04:08] Nehal El-Hadi : Pouvons-nous parler un peu de la recherche que vous présentez? Un nouveau cadre d'éducation climatique pour la formation des enseignant.e.s. Pouvez-vous m'en donner un bref résumé?

[00:04:15] Kshamta Hunter : Absolument. Nous sommes partis de l'idée qu'il existait déjà des pratiques et des cadres autour de l'éducation climatique, de l'éducation à la durabilité, mais aussi de l'éducation axée sur les valeurs, comme les pédagogies de la bonté ou les pédagogies de l'attention, la pédagogie incarnée, la pédagogie tenant compte des traumatismes.

[00:04:36:] Ces cadres et modèles existent donc déjà. Ce projet de recherche a donc commencé par un examen approfondi de certains des cadres et modèles existants et, par le biais d'une enquête appréciative, nous voulions vraiment nous intéresser à ce qui fonctionne sur le terrain. Qu'est-ce qui a réussi? Concentrons-nous sur cela plutôt que sur ce qui ne fonctionne pas.

[00:04:57] Nous avons donc voulu rassembler tous ces cadres et toutes les stratégies et approches réussies pour créer cette nouvelle pédagogie ou ce nouveau modèle, qui sera plus facile et accessible aux éducateur.trice.s et aux animateur.trice.s, au lieu de se plonger dans les multiples cadres existants.

[00:05:15] Et il y en a beaucoup, il y a l'éducation au climat, il y a le cadre d'éducation au changement climatique, il y a l'EDD - l'éducation au développement durable - il y a l'éducation à la durabilité, et puis toutes ces pédagogies de la gentillesse, de l'attention et de l'incarnation, et aussi les pédagogies de la résilience. Nous avons donc examiné tout cela et nous avons en quelque sorte rassemblé les meilleures stratégies dans cette approche.

[00:05:37] Nehal El-Hadi : Et qui, selon vous, l'utilisera? Quel est le niveau d'éducation? Où?

[00:05:43] Kshamta Hunter : Oui, nous nous adressons à tou.te.s les éducateur.trice.s et facilitateur.trice.s. Je pense que cette pédagogie, ou ce modèle, devrait trouver un écho dans [...], mais aussi dans l'enseignement post-secondaire. J'enseigne donc dans le programme de formation des enseignant.e.s et je partage cela avec les candidat.e.s à l'enseignement et ils/elles l'adorent. Ils/elles adorent disposer d'une boîte à outils, d'approches, de moyens d'informer leurs pratiques en classe, et il en va de même pour les éducateur.trice.s.

[00:06:17] Nehal El-Hadi : Et pourquoi pensez-vous que ces approches n'existaient pas auparavant? S'agit-il d'un nouveau besoin? Ou est-ce que vous répondez à un manque existant?

[00:06:18] Kshamta Hunter : Je pense que le besoin a toujours existé. Mais la poly-crise à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui a exacerbé ce besoin à bien des égards, parce que les étudiant.e.s, en particulier les jeunes, vivent vraiment l'angoisse du climat, l'angoisse de la poly-crise. Et ils/elles demandent des approches qui non seulement les engage avec ces crises, ces situations et ces sujets, mais aussi comment gérer les émotions qui en découlent dans la salle de classe.

[00:06:49] Les éducateur.trice.s ne doivent donc pas nécessairement être des expert.e.s en contenu, mais aussi en pédagogie. Ils/elles doivent aider les élèves en classe à traverser diverses émotions et être capables de les mettre en perspective. Je pense donc que les éducateur.trice.s et les animateur.trice.s réalisent de plus en plus que leur pratique nécessite l'intégration de ces approches dans la classe.

[00:07:17] Nehal El-Hadi : Ce que je trouve vraiment intéressant et intriguant dans votre recherche, c'est que lorsque vous essayez d'enseigner le changement climatique et les questions environnementales, vous formez également des personnes qui doivent faire face aux mêmes questions que leurs étudiant.e.s. Comment les préparer et les former à répondre aux besoins de leurs élèves?

[00:07:36] Kshamta Hunter : Tout à fait. Et je pense que ce sont les émotions que nous ressentons également en tant qu'éducateur.trice.s et animateur.trice.s. La présentation ou l'atelier que j'organise habituellement avec les éducateur.trice.s comporte une grande part d'examen de nos propres croyances et hypothèses. L'un des principaux fondements de ce modèle est le constructivisme, qui s'appuie sur l'idée qu'il existe de multiples réalités.

[00:08:02] Votre réalité, la façon dont vous percevez les choses peuvent être très différentes et sont vraiment contextualisées par vos propres expériences vécues et elles seront très différentes de ma réalité vécue. Et de la façon dont je perçois les choses. Ainsi, lorsque vous, en tant qu'éducateur.trice, entrez dans une classe de 30 personnes ou même de 200 dans les établissements d'enseignement supérieur, vous entrez dans une classe aux réalités multiples.

[00:08:27] Comment s'engager dans cette voie? Il s'agit en grande partie de s'assurer que l'on s'engage soi-même dans ses propres croyances et hypothèses et que l'on est à l'aise dans certaines conversations avant d'entrer dans la salle de classe.  

[00:08:44] Un exemple que je donne habituellement aux éducateur.trice.s est l'examen de l'idée de pouvoir, de privilège et de position et l'examen de leur propre position avant qu'ils/elles n'entrent dans la salle de classe afin qu'ils/elles soient à l'aise avec cela et qu'ils/elles s'approprient ces facteurs d'identité qu'ils/elles apportent avec eux.

[00:09:08] Nehal El-Hadi : Je me demandais également comment vous formiez les éducateur.trice.s à répondre à l'anxiété des élèves face au climat, alors qu'ils/elles n'ont peut-être pas fait face à leur propre anxiété.

[00:09:18] Kshamta Hunter : Et je pense que nous y faisons tou.te.s face. Je ne pense pas qu'aucun.e d'entre nous n'y soit complètement confronté.e. Mais je dirais que beaucoup d'éducateur.trice.s me demandent, “que je ne suis pas, je veux vraiment parler du changement climatique, mais je ne suis pas un.e expert.e.” Je ne sais pas. Mais ma réponse est la suivante : avez-vous connu un dôme de chaleur? Avez-vous connu une inondation? Avez-vous connu des chaleurs extrêmes? Ou, quoi que ce soit, n'importe quel type d'impact du changement climatique?

[00:09:51] Et nous avons tou.te.s vécu quelque chose en rapport avec cela, si ce n'est la crise climatique, alors d'autres crises sociales ou politiques. Nous en faisons l'expérience, ce qui signifie que nous pouvons en parler. Nous n'avons pas besoin d'être des expert.e.s parce que nous vivons et que nous apportons ces émotions, ces sentiments, ces expériences dans la salle de classe.

[00:10:15] Et nous, nous sommes transparents sur ce que nous sommes experts ou non et nous entamons ces discussions à ce moment-là.

[00:10:24] Nehal El-Hadi : En vous écoutant parler, je ne peux que penser à l'énormité de la tâche qui consiste à gérer quelque chose où A, il n'y a pas de résolution, et B, il y a très peu d'espoir à offrir en termes de, c'est ce qui va se passer, ou traiter des questions environnementales, c'est traiter de beaucoup de sujets vraiment, problématiques, difficiles aussi, surtout si vous traitez de l'intersectionnalité et de ses impacts.

[00:10:47] Comment préparer les enseignant.e.s à faire tout cela en plus de tout ce qu'ils ont à faire?

[00:10:57] Kshamta Hunter : Oui. Et c'est un gros problème, surtout pour les enseignant.e.s de la maternelle à la terminale, parce qu'ils doivent couvrir le programme d'études. Et je pense qu'il en va de même pour les éducateur.trice.s de l'enseignement supérieur. Je pense que les éducateur.trice.s se rendent compte qu'il s'agit d'un besoin énorme. La raison pour laquelle nous sommes confronté.e.s à cette crise est qu'elle est causée par les personnes qui ont le plus de diplomes, n'est-ce pas?

[00:11:23] L'éducation est donc vraiment un problème, mais c'est aussi une solution, mais elle doit changer. Il faut un autre type d'éducation si l'on veut vraiment changer les choses. Et, vous savez, nous n'avons pas besoin de changer toute notre façon de changer, il y a de petites choses que nous pouvons faire.  

[00:11:41] Certain.e.s éducateur.trice.s en sont déjà à cette étape et font beaucoup, ce qui est très bien. Mais les enseignant.e.s, ou les éducateur.trice.s qui sont un peu mal à l'aise en termes de, je dois couvrir tout cela, comment puis-je le faire? Il y a différentes façons de procéder : vous pouvez faire un devoir, une excursion ou faire venir un.e conférencier.ère invité.e. Vous pouvez aussi faire appel à un.e conférencier.ère invité.e si vous n'êtes pas un expert en la matière.

[00:12:09] Il y a donc différentes façons de procéder, mais il faut bien commencer quelque part. Et je pense que de plus en plus d'éducateur.trice.s se rendent compte qu'ils doivent commencer quelque part. Et je ne pense pas, d'après mon expérience de l'enseignement au cours des quatre ou cinq dernières années au niveau postsecondaire, que j'ai eu à faire face à un grand retour de bâton en ce qui concerne le fait que je ne devrais pas enseigner ceci parce qu'il y a une prise de conscience que ça doit se faire, et ils/elles commencent à le faire.

[00:12:36] Nehal El-Hadi : Pouvons-nous parler un peu du cadre pédagogique que vous avez développé, le cadre climatique? Pouvez-vous m'expliquer ce que c'est et ce qu'il fait?

[00:12:46] Kshamta Hunter : Oui, comme je l'ai dit, il s'agit d'une combinaison de cadres existants en termes d'approches efficaces. Mais l'un des principaux fondements est constitué par les valeurs. Comment introduire, mettre en œuvre et défendre certaines valeurs clés telles que la bonté, la justice, la résilience et l'interconnexion dans notre pratique d'enseignement?

[00:13:10] L'une des principales choses que je partage habituellement, et vous pouvez aller sur climateeducation.ca et vous verrez, c'est qu'il y a différentes façons de mettre en œuvre ces valeurs dans votre classe. Donc, pour des choses simples comme faire de petites vérifications, dans une classe ou demander aux élèves leurs pronoms et les utiliser de la bonne manière, c'est de la gentillesse.

[00:13:32] Les exercices de clarification des valeurs et les exercices d'ancrage sont également de très bons moyens d'introduire certaines de ces valeurs et de les mettre en œuvre dans la salle de classe. Et, vous savez, une fois que les éducateur.trice.s apportent et mettent en œuvre certaines de ces valeurs, cela devient une sorte d'accord communautaire et l'accord communautaire est une autre excellente façon de commencer, dans n'importe quelle salle de classe.

[00:13:57] Par exemple, dans chaque classe que je commence, j'ai l'habitude de conclure un accord avec la communauté pour définir certaines des lignes directrices, comment nous allons travailler ensemble? Qu'est-ce qui rendra cette classe sûre et courageuse pour vous?

[00:14:09] Il est donc très utile d'avoir ces conversations dès le début de la classe et d'établir ces valeurs. En ce qui concerne la clarification des valeurs, je dirais simplement qu'il est très important d'avoir ces conversations, de parler explicitement des valeurs.

[00:14:27] Cette démarche s'appuie sur la théorie de l'apprentissage transformateur, qui dit en substance que nous devons interroger et reconnaître explicitement certaines de nos compréhensions subjectives, certaines de nos croyances et de nos hypothèses. Il s'agit donc de faire remonter ces valeurs à la surface.  

[00:14:46] Environ 90 % des étudiant.e.s déclarent qu'ils/elles n'ont pas parlé de leurs valeurs au cours de leur carrière universitaire. Je pense que c'est un problème. Nous devons introduire ces conversations dans la salle de classe. Il s'agit de chiffres anecdotiques, qui ne sont donc pas le fruit de la recherche, mais de chiffres que j'ai trouvés dans mon propre enseignement.  

[00:15:04] Lorsque nous abordons ces idées de conversations sur les valeurs, c'est d'abord inconfortable, mais plus on le fait, mieux c'est. Et comment relier ces valeurs aux projets sur lesquels vous travaillez dans le cadre de ce cours. Cela devient alors très intéressant parce que vous influencez certains projets ou travaux ou les conversations de la communauté avec ces valeurs, dont vous avez discuté dans ce cadre.

[00:15:36] Nehal El-Hadi : Alors, comment faire fonctionner le cadre dans un cadre structurel plus large? Je ne suis pas sûre de formuler cela correctement, mais ce à quoi je pense, c'est que vous formez les enseignant.e.s, les enseignant.e.s partent et ils/elles doivent enseigner, mais ils/elles travaillent dans un système scolaire, ils/elles s'occupent des programme d'études.

[00:15:53] Il y a beaucoup de choses qui ne vont pas nécessairement dans le sens d'un cadre climatique. Comment s'assurer qu'il est efficace et comment permettre aux enseignant.e.s de le mettre en œuvre ou de l'appliquer?

[00:16:05] Kshamta Hunter : L'une des choses essentielles dont nous avons parlé, lorsque nous avons commencé à réfléchir à ce modèle pédagogique, c'est que nous voulons qu'il soit accessible, pertinent et plus pratique, dans le sens où les éducateur.trice.s peuvent prendre des morceaux ou des parties de ces stratégies et les intégrer dans leur pratique actuelle.

[00:16:30] Ils/elles n'ont donc pas nécessairement besoin de changer beaucoup de choses, ils/elles peuvent apporter ce qui leur convient dans leur pratique. Un exemple que je donnerais est cette idée de - quand nous sommes dans une classe - et tout le monde le fait - presque tout le monde le fait - nous mettons les étudiant.e.s en petits groupes ou en grands groupes, et nous disons, d'accord, discutons de ce sujet.

[00:16:54] Passons à la discussion, et nous ferons un rapport. L'une des choses essentielles que suggère le modèle est que, pour que la discussion soit fondée sur la justice et qu'elle soit inclusive, nous devons franchir une étape avant la discussion, que j'appelle le dialogue. Le dialogue est divergent, il est axé sur la justice, ce qui signifie que chaque membre du groupe a la possibilité de présenter ses idées sans poser de questions.

[00:17:23] L'idée est donc que chacun mette son point de vue sur la table sans trop de controverse. La deuxième étape est celle de la discussion, qui est plus convergente. C'est à ce moment-là que nous discutons, que nous posons des questions et que nous essayons d'en tirer une idée éclairée par le groupe. Il y a donc d'abord le dialogue, puis la discussion, afin que tout le monde puisse exprimer ses idées.

[00:17:47] J'utilise cette approche tout le temps dans mon enseignement, et ça marche vraiment. Même au point où, je veux dire, il y a des étudiant.e.s qui n'aiment pas parler dans un environnement de groupe et, et si nous faisons cette approche et de manière cohérente, alors vous verrez que ces étudiant.e.s qui ne sont pas à l'aise pour parler dans un petit groupe commencent aussi à apporter leurs idées parce que nous faisons cette approche de dialogue d'abord et de discussion ensuite, de sorte qu'ils/elles ne cherchent pas, ils/elles n'ont pas à se battre pour ce temps, ou cette voix dans un grand groupe.

[00:18:22] Nehal El-Hadi : Et qu'espérez-vous que le travail que vous avez accompli fasse, par exemple, lorsqu'il est mis en pratique? Qu'est-ce qui, selon vous, en ferait un succès?

[00:18:33] Kshamta Hunter : Hmm. Je pense que même si de plus en plus d'éducateur.trice.s parviennent à informer leurs pédagogies par le biais de ces approches fondées sur les valeurs, ce serait une réussite pour moi. Et je ne recherche pas un changement rapide. Le changement de culture se fait très lentement.  

[00:18:51] Je pense que ce type de modèles sera utile. Et, parce que souvent les éducateur.trice.s, et c'est ce que j'entends de leur part, disent qu'ils n'ont tout simplement pas le temps d'étudier différentes approches ou de créer des plans de cours qui tiennent compte du climat.

[00:19:11] Ils n'ont tout simplement pas le temps ou l'expertise nécessaire. J'espère donc que ce modèle leur offrira cela. Il est toujours en cours de développement. Nous publierons davantage de plans de cours et d'activités que les enseignant.e.s et les éducateur.trice.s pourront intégrer dans leur pratique d'enseignement.

[00:19:29] Nehal El-Hadi : Et qu'espérez-vous qu'il apporte aux étudiants ?

[00:19:33] Kshamta Hunter : Cela leur donne les moyens, de différentes manières, de changer non seulement leur propre personne, mais aussi les gens autour d'eux, et d'agir contre les inégalités qu'ils constatent dans leur communauté ou contre toute crise à laquelle ils sont confrontés. Mais cela leur donne aussi l'espoir qu'il y a un changement et que des changements peuvent se produire, parce que je vois beaucoup cela chez les étudiant.e.s, ce désespoir.

[00:20:02] L'un des exemples que je donnerais est l'une des activités que j'organise et qui s'appelle le Conseil du climat. Nous partons de l'idée suivante : comment vous sentez-vous? Comment vous sentez-vous dans cette crise climatique?  

[00:20:15] Et terminez par l'idée que si c'était un rite de passage, du passé vers l'avenir, où cette crise est notre voie vers quelque chose de complètement différent que nous voulons créer. Qu'est-ce que vous ne laisseriez pas tomber? Qu'est-ce que vous ne laisseriez pas derrière vous? Cette  chose que vous ne laisseriez pas derrière vous. Et c'est cette chose qui leur donne tant d'espoir, car on peut construire toute une vie sur cette chose que l'on ne laissera pas derrière soi.

[00:20:51] Nehal El-Hadi : Comment répondriez-vous à cette question?

[00:20:55] Kshamta Hunter : En général, je dis ma famille, vous savez? J'ai entendu des choses comme le soleil. J'ai entendu des choses comme les arbres et tout ça. Mais vous savez, c'est différent d'une personne à l'autre. Et je pense que c'est très bien que ce soit différent pour chacun.e, mais cela leur donne de l'espoir, sur lequel ils/elles peuvent s'appuyer et pour lequel ils/elles peuvent se battre.

[00:21:23] Nehal El-Hadi : D'accord. Qu'allez-vous faire de vos recherches après cela? Où allez-vous les mener?

[00:21:29] Kshamta Hunter : Le diffuser pour que les gens puissent - oui.

[00:21:35] Nehal El-Hadi : Je pense que c'est l'un des défis auxquels sont confrontés les universitaires, car vous passez tout votre temps à travailler et à développer des recherches ayant une application très pratique. Comment les faire sortir de l'académie et les intégrer dans le monde extérieur?

[00:21:51] Kshamta Hunter : Absolument, et je cherche aussi - pour être honnête - je cherche des moyens non traditionnels de partager cela aussi. Les articles académiques sont excellents, mais il n'y a qu'un sous-ensemble de personnes qui lisent ce genre de recherche ou qui ont le temps de le faire. Comment puis-je faire circuler l'information autrement? C'est pour cela qu'il est sur le site web.

[00:22:10] Il est financé par le fonds d'amélioration de l'enseignement et de l'apprentissage de l'UBC. L'un des principaux objectifs était de faire en sorte que le partage se fasse à partir de sources ouvertes. climateeducation.ca est donc un moyen de partager cela, car tout sera partagé sur le site web. Il n'y a rien qui doive être gardé sous des murs ou des verrous.

[00:22:33] C'est aussi mon objectif. Et comme je l'ai dit, comme j'ai l'habitude de le dire, il n'y a rien de nouveau ici, toutes ces pratiques existent déjà, il s'agit simplement de les diffuser pour que les éducateur.trice.s puissent les utiliser efficacement et facilement.

[00:23:24] Nehal El-Hadi : Je pense que c'est fascinant, j'ai été formée en tant que journaliste environnementale. Il y a donc beaucoup de questions qui se posent : comment communique-t-on? Comment faire le travail? Comment rassurer les gens après leur avoir annoncé des nouvelles et des résultats vraiment pessimistes. Et je, je ne peux pas imaginer si vous êtes un.e enseignant.e qui essaie de gérer sa propre anxiété écologique de devoir travailler avec des enfants de huit ans et comment les aider à traverser cette épreuve?

[00:23:24] Et je pense que nous demandons déjà tellement aux enseignant.e.s et que nous ne les soutenons pas assez.

[00:23:29] Kshamta Hunter : Exactement, et je suis tout à fait d'accord avec vous sur ce point. J'ai trois enfants, alors vous pouvez imaginer le niveau d'anxiété que j'ai.

[00:23:41] Nehal El-Hadi : Comment gérez-vous cela avec eux?

[00:23:43] Kshamta Hunter : Les conversations. De plus en plus de conversations, plus j'ai de conversations avec eux, mieux ils/elles sont engagé.e.s, mieux ils/elles sont informé.e.s.

[00:23:53] Ils/elles sont déjà informé.e.s par les réseaux sociaux, par leurs ami.e.s, par n'importe quoi. Mais je veux les contextualiser, je veux m'assurer qu'ils/elles adoptent ces approches fondées sur les valeurs pour comprendre ce qu'ils/elles entendent et ce qu'ils/elles lisent.  

[00:24:11] Pour qu'ils/elles soient soutenu.e.s, pour qu'ils/elles se sentent soutenu.e.s, et je pense que le mieux que les parents puissent faire, c'est de soutenir et d'avoir ces conversations. Et, et c'est ce que nous devrions être en mesure de prendre dans nos salles de classe aussi, autant que possible.

[00:24:24] Nehal El-Hadi : Merci d'avoir écouté le Congrès en Conversation et à mon invitée, Kshamta Hunter. Le balado Voir Grand tient à remercier ses amis et partenaires du Conseil de recherches en sciences humaines, dont le soutien a permis de rendre ce balado possible, ainsi que CitedMedia pour son soutien à la production du balado et La Conversation Canada pour son partenariat.

[00:24:47] Faites-nous savoir ce que vous avez pensé de cet épisode et partagez vos commentaires avec nous sur les réseaux sociaux. Suivez-nous pour plus d'épisodes partout où vous écoutez votre balado et restez à l'écoute des nouveaux épisodes à venir!

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