La récession au féminin : l'incidence de la pandémie sur le travail des femmes

Balado
24 novembre 2023

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Description

Historiquement, la plupart des récessions ont été décrites comme étant des « récessions au masculin » ; la majorité des emplois perdus concernaient des industries dominées par les hommes, et les secteurs occupés par les femmes suivaient peu après.

Lorsque la pandémie de la Covid-19 a commencé, l'emploi des femmes a été particulièrement touché par le ralentissement économie qui s'en est suivi, ce qui a amené certain.e.s à parler de « récession au féminin. » Mais que signifie exactement cette appellation, comment a-t-elle été créée et que nous apprend-elle sur l'avenir de notre économie? 

Pour cette épisode du balado Voir Grand, notre hôte Gabriel Miller est rejoint par Armine Yalnizyan, l'économiste et auteure canadienne qui a contribué à la création de l'appellation, pour discuter de la « récession au féminin » et de l'incidence des crises économiques sur les femmes.

À propos de l'invitée

Headshot of Armine Yalnizyan

Armine Yalnizyan est une économiste et auteure canadienne. Elle travaille actuellement à l'Atkinson Foundation, où elle mène une recherche collaborative sur l'avenir des travailleur.euse.s lors d'une période de changement technologiques.

Armine Yalnizyan a obtenu un diplôme en économie au Glendon College à l'Université York, y compris une année d'économie à l'Université de Bordeaux en France. Elle a obtenu une maitrise en relations industrielle de l'Université de Toronto dans le domaine de la politique du marché du travail.

Ses travaux portent sur « les facteurs sociaux et économiques qui déterminent notre santé et notre bien-être. »

 

 

Armine Yalnizyan dans les nouvelles

  • Conversation avec Armine Yalnizyan, ancienne étudiante (MIR 1985), économiste et chroniqueuse d'affaires contribuant au Toronto Star - University of Toronto (en anglais seulement)
  • La solution de l'Ontario à la crise des soins de santé consiste à embaucher des infirmier.ère.s par l'intermédiaire d'agence - et le coût a maintenant quadruplé - Toronto Star (en anglais seulement)

[00:00:04] Gabriel Miller : Bienvenue dans le balado Voir Grand, où nous nous entretenons avec d'éminent.e.s chercheur.euse.s de leurs travaux sur certaines des questions les plus importantes et les plus intéressantes de notre époque. Je m'appelle Gabriel Miller et je suis le président et chef de la direction de la Fédération des sciences humaines.

[00:00:19] L'emploi des femmes a été particulièrement touché par le ralentissement économique due à la pandémie de la Covid-19, ce qui a conduit certains à parler de « récession au féminin. » Mais que signifie exactement ce terme, pourquoi cela s'est-il produit et que nous apprend-il sur l'avenir de notre économie?

[00:00:34] Aujourd'hui, Armine Yalnizyan, économiste et écrivaine canadienne, m'a rejointe pour discuter de la « récession au féminin » et de l'impact plus large des crises économiques sur les femmes.

[00:00:46] Gabriel Miller : Vous êtes vraiment l'une des meilleures communicatrices économiques du pays. Quelqu'un qui, lorsqu'on vous lit ou qu'on vous entend dans les médias, donne un sens à ce qui se passe sur le plan économique, ce qui n'est pas toujours le cas. Et vous êtes connue en particulier, parmi tant d’autres, pour votre utilisation du terme « récession au féminin. »  

[00:01:12] Nous y reviendrons dans une seconde. Mais je voudrais commencer par revenir à la période où vous avez inventé ce terme, dans les premiers mois de la pandémie. Lorsque je repense à février 2020, et que je pense à ce qui me préoccupait et à ce qui préoccupait la plupart des gens, il s'agissait de savoir comment rester en bonne santé. Lavons-nous suffisamment nos courses?

[00:01:41] Quand aurons-nous des masques? Et je suis sûr que vous aviez les mêmes préoccupations. Mais j'imagine qu'assez rapidement, votre cerveau d'économiste s'est mis en marche. J'aimerais vous demander ce que vous vous rappelez avoir pensé au cours des premières semaines qui ont suivi l'arrivée de la pandémie et ce que cela signifiait pour l'emploi et les moyens de subsistance des gens.

[00:02:05] Armine Yalnizyan : En janvier et février 2020, je me suis intéressée aux actualités européennes et j'ai lu les journaux internationaux, et la situation avait déjà évolué de manière assez spectaculaire en Europe et en Asie. Des histoires commençaient à sortir, indiquant que quelque chose de très inhabituel était en train de se produire. Je me souviens qu'en février 2020, l'une de mes ami.e.s les plus proches avait passé des années à économiser pour partir en vacances en France et était déterminée à y aller en mars.

[00:02:32] Et je n'arrêtais pas de dire, tu ne peux pas y aller. Tu vas peut-être signer ton propre arrêt de mort. Tu ne pourras pas être en mesure de rentrer chez toi et de recevoir les soins dont tu as besoin. Cette personne ne m'a pas cru et il a fallu que sa fille lui dise : « Non, ça va arriver dans un quartier près de chez toi. » En février, j'étais donc déjà attentive à ce qui se passait ailleurs, de manière très personnelle, pour l'une de mes meilleures amies.

[00:02:58] Et je me suis rendue compte, alors que les choses commençaient à fermer, que ce qui était fermé était l'économie inessentielle, afin de pouvoir contenir la contagion autant que possible. Et la définition de ce qui était inessentiel était les choses que nous aimons faire : sortir et faire la fête, vous savez, sortir et prendre un repas, boire un verre, voyager, faire du shopping, vous savez, les choses que vous n'avez pas besoin d'acheter, juste toutes les choses que vous voudriez faire, aller à des événements sportifs, aller au théâtre, toutes les choses que vous voudriez faire pour vous sentir en vie et vous amuser et pas seulement travailler, c'était ce qui allait être fermé.

[030:03:34] Et la caractéristique de beaucoup de ces industries était qu'elles étaient dominées par les femmes. Le « cerveau de l'économiste » se met alors en marche et me rappelle la crise financière de 2008 - 2009, l'ampleur de l'événement et la description qui en a été faite comme étant une « récession au masculin, » et je me suis dit, oh oui, ce sera une « récession au féminin. »

[00:03:59] Gabriel Miller : Dites-nous ce dont vous vous souvenez du premier jour où vous avez utilisé ce terme, parce que je pense qu'il y a une histoire intéressante à ce sujet.

[00:04:08] Armine Yalnizyan : Le jour où j'ai utilisé pour la première fois le terme « récession au féminin » pendant la pandémie, c'était lors d'une interview avec un autre économiste, le 30 mars 2020, avec Matt Galloway, dans le cadre de l'émission nationale de la CBC intitulée The Current. J'ai utilisé le terme « récession au féminin » et je l'ai en quelque sorte lâché, sans vraiment y réfléchir.

[00:04:28] Et il l'a répété immédiatement. Il a dit « récession au féminin », a marqué une pause, l'a répété « récession au féminin? » Et j'ai réalisé que je prenais pour acquis quelque chose qui s'était inscrit en moi des années auparavant, mais qui avait soudainement, soudainement une grande pertinence. Et la raison pour laquelle ça s'était inscrit en moi des années auparavant est que, dans le sillage de la crise financière mondiale de 2008-9, un article du New York Times a qualifié la récession qui s'est produite une « récession au masculin », et j'ai réalisé, parce que j'ai fait une analyse sexospécifique des cycles économiques pendant des années, que chaque récession est une « récession au masculin. »

[00:05:10] Lorsque je me suis penchée sur ces données, j'ai constaté que chaque récession, de 1981 à 2002 - qui a été la plus grande perte d'emplois depuis la Grande Dépression - à 1981-2 1990 - 1991, qui a été une récession « made in Canada » en raison de la lutte de la Banque du Canada contre l'inflation, jusqu'à la récession de 2008 - 2009, chaque fois que nous avons connu l'un de ces bouleversements, entre 92 et 97 pour cent des emplois perdus au cours du premier mois ont été perdus par des hommes.

[00:05:16] En général, la production de biens, l'exploitation minière, c'était de la production de biens, ce n'était pas du service. Mais comme nous nous apprêtions à réduire les services aux personnes, et que les services sont dominés par les femmes, vous saviez que vous pouviez utiliser le terme de « récession au masculin » pour désigner ce nouveau phénomène, qui serait une « récession au féminin. » Au début, le phénomène a été sexué : 63 % des emplois perdus au cours du premier mois l'ont été par des femmes, puis les hommes ont rattrapé leur retard, tout comme les femmes l'avaient fait auparavant. Les hommes ont rattrapé les femmes, mais ce sont aussi eux qui ont rebondi le plus rapidement.

[00:06:25] Leurs emplois sont revenus. Ce sont les premiers emplois qui sont revenus après que nous ayons cessé de supprimer l'activité économique. C'est donc un renversement fascinant de l'histoire économique.

[00:06:38] Gabriel Miller : Je voudrais m'assurer que j'ai bien compris cette partie. Vous dites donc que lorsque nous avons commencé à nous redresser, ce sont les emplois à prédominance masculine qui sont revenus, qui ont commencé à revenir en premier.

[00:06:47] Armine Yalnizyan : Oui, je ne sais pas si, je ne sais pas où vous vous trouvez, mais ici, en Ontario, la première chose que Doug Ford a autorisée à rouvrir, ce sont les clubs de golf, les marinas, les concessionnaires automobiles et les quincailleries, et ce sont tous des secteurs à prédominance masculine. C'est donc ce qui est revenu en premier, par opposition à la vente au détail, aux restaurants, aux services de spa, qui sont dominés par les femmes.

[00:07:11] Il s'agissait de tous les services, mais ce sont les services à prédominance masculine qui, parce qu'ils sont à l'extérieur, ont été ramenés en premier.

[00:07:18] Gabriel Miller : Dans quelle mesure attribuez-vous cela à la nature spécifique de la pandémie plutôt qu'à des préjugés bien ancrés dans la politique publique et la façon dont nous voyons l'économie? Pensez-vous qu'il s'agit là d'un contributeur important? Ou s'agit-il simplement d'une pandémie et des industries qui sont les plus durement touchées en premier et celles qui le seront plus tard?

[00:07:45] Armine Yalnizyan : À mon avis, je pense que c'était strictement lié à la pandémie et que nous ne savions pas ce qui se passerait lorsque nous rouvrions. Nous avons donc rouvert les établissements qui, selon nous, ne présentaient pas de signes de risque élevé.

[00:07:59] Comme vous le savez, le Canada a retrouvé son plein emploi beaucoup plus rapidement que les États-Unis parce que nous avons maintenu les employeurs en poste grâce à la Subvention salariale d’urgence du Canada et à la PCU (ndlr : prestation canadienne d’urgence), de sorte qu'il y avait un pouvoir d'achat et que ces deux éléments ont fait que nous avons vu une reprise plus rapide des effectifs, pas nécessairement des heures de travail, mais des effectifs qui avaient un emploi et qui n'en avaient pas.

[00:08:29] Et ce qui était à la traîne, même si nous avions entièrement récupéré le nombre de personnes, c'était à nouveau les femmes, et les femmes qui étaient à la traîne étaient celles âgées de 55 ans et plus. Nous ne savons pas pourquoi elles n'ont pas rejoint les rangs aussi rapidement que les autres groupes d'âge, les jeunes femmes, les femmes dans la force de l'âge, qui ont toutes rebondies dès le début de l'épidémie. Et, vous savez, à l'été 2020, je crois, j'ai eu un petit jingle d'été, « no recovery without a she-covery, no she-covery without childcare » (ndlr : pas de rétablissement sans « rétablissement au féminin », pas de « rétablissement au féminin » sans garde d'enfants), et tout le monde a chanté en chœur et, en moins d'un an, nous avons eu un programme de garde d'enfants parce que les gens se rendent compte que s'occuper des personnes qui sont trop jeunes est le travail principalement des femmes, et ce sont les femmes dans la force de l'âge. Et vous voulez que ces femmes d'âge mûr reviennent.  

[00:09:24] Gabriel Miller : J'aimerais vous parler un peu de l'héritage de la « récession au féminin. » Vous avez mentionné le plan de garde d'enfants qui est entré en vigueur.  

[00:09:32] Diriez-vous que vous avez le sentiment que la pandémie a montré aux décideur.euse.s politiques quelque chose qu'ils/elles n'avaient pas pu apprécier à sa juste valeur ou qu'elle leur a donné un sentiment d'urgence par rapport à cet enjeu qui n'existait pas auparavant?

[00:09:47] Armine Yalnizyan : Oh, je pense que c'est une question très complexe parce que je pense qu'il y a eu un changement de garde à l'intérieur du gouvernement et que les gardien.ne.s étaient différents.

[00:09:55] Gabriel Miller : Oui, le bureau du Premier ministre.

[00:09:56] Armine Yalnizyan : Oui, le bureau du Premier ministre et qui va finalement approuver quelque chose, quand il s'agit d'une grosse dépense. Vous comprenez que pendant 50 ans, les femmes ont demandé un programme national de garde d'enfants et que cela leur a été refusé à maintes reprises, y compris par ce premier gouvernement autoproclamé féministe du Canada, qui était tout entier tourné vers la classe moyenne et les personnes qui voulaient y adhérer. On pourrait penser que c'était naturel pour eux et je me souviens avoir été en réunion en 2016 pour le budget, puis en 2017, et d'avoir demandé aux membres du cabinet du Premier ministre : « Où est la garde d'enfants? »

[00:10:31] Je veux dire, vous faites tellement de choses, mais où est la garde d'enfants? Et ils, l'échange de regards entre eux, vous pouvez dire que c'était un point de débat important, mais c'était toujours une de ces choses qui, il n'y a pas assez de votes pour, vous savez? Les gens ont des enfants, c'est cher, c'est terrible, et puis ils oublient, c'est comme l'accouchement, il n'y a pas assez de votes pour le coût.

[00:10:54] Hum, donc, vous savez, ils pensent simplement, eh bien, j'y ai fait face, vous pouvez y faire face. Et c'était la mentalité, jusqu'à la pandémie. Et au moment où la pandémie est arrivée, deux facteurs différents se sont produits : nous commençons à réaliser que la pandémie entre en collision avec des enjeux démographiques qui avaient été, vous savez, c'est le train qui avance le plus lentement sur la planète, ce sont les changements démographiques et déjà en 2019, nous avons vu les taux de chômage les plus bas que nous ayons vus en 50 ans. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous parlons de l'immigration comme étant « le salut », comme c'était le cas dans les années 1950, comme c'était le cas entre 1890 et 1910. Nous avons déjà vu ce film, où l'immigration est le moyen de faire flotter le bateau, en termes d'économie.  

[00:11:51] Mais la deuxième chose qui s'est produite, c'est que nous avons changé de ministre des Finances ; nous sommes passés de Bill Morneau à Chrystia Freeland. La mère de Chrystia Freeland était une féministe convaincue et avait milité en faveur de la garde d'enfants. Elle avait dans le sang l'idée de rendre hommage à sa mère, du moins c'est ainsi qu'elle l'envisageait. Elle n'était certainement pas aussi résistante que Bill Morneau, puis elle s'est trouvé un vice-ministre dont la mère, Laura Sabia, était également une grande féministe.

[00:12:23] Et donc, ces personnes, cette équipe, se sont associées d'une manière qui a rendu la salubrité politique de cette question très différente et le Premier ministre l'a compris immédiatement. C'est son entourage au sein du PMO - le bureau du Premier ministre - qui l'a en quelque sorte arrêté, mais politiquement, ils ont compris la collision entre la démographie et le potentiel économique pour les femmes d'âge mûr en particulier, qui sont plus éduquées que n'importe quelle autre génération auparavant pour déployer ce capital humain. Ils ont compris ce que cela signifiait et ils ont eu ce merveilleux exemple au Québec qui montrait ce qui se passerait si on le faisait. Nous disposons de plus de 20 ans de données montrant que ce programme s'est littéralement amorti.

[00:13:10] Gabriel Miller : Vous savez, c'est, c'est vraiment une discussion qui, je pense, vaut la peine d'être explorée un peu plus maintenant mais aussi dans beaucoup d'autres endroits parce que, évidemment, les gens, je l'espère, ont à l'esprit de se demander comment la pandémie nous a changés? Comment cela nous change-t-il en termes de capacité à répondre à une crise économique, à une crise de santé publique?

[00:13:30] Comment cela nous a changé en termes de réactivité à des questions qui, honnêtement, nous sont restées sous le nez dans certains cas pendant des décennies? J'y ai réfléchis depuis un certain temps, et je pense que beaucoup de gens y pensent dans un contexte légèrement différent, peut-être à un micro-niveau en termes de changements observés sur les lieux de travail.

[00:13:50] On est une petite organisation, on a une équipe de 20 personnes et tout ce que vous avez dit sur la garde des enfants et les exigences imposées aux femmes qui travaillent, je dirais que je le savais d'un point de vue intellectuel, mais ce qui m'a le plus marquée, c'est de répondre aux appels pendant la pandémie et de voir les femmes avec lesquelles je travaillais essayer de tenir en équilibre, dans certains cas, un enfant de deux ans dans un bras, tout en continuant à rédiger des communiqués de presse ou à planifier des événements.

[00:14:18] Cela m'a donné l'impression, lorsque nous en sommes sortis, que l'idée de revenir à un bureau où tout le monde est présent cinq jours par semaine, je sais que cela posera toutes sortes de problèmes aux personnes qui doivent déposer et récupérer leurs enfants. Mais nous allons ignorer tout cela, nous allons ignorer tout ce que nous avons vu. Ce n'était tout simplement pas une bonne idée.

[00:14:35] Il est donc encourageant de penser que cela a aidé ou contribué à l'élan qui a permis de changer certaines choses qui durent depuis bien trop longtemps. Je vais peut-être vous demander, en regardant en arrière, trois ans et demi après la pandémie, je pense que j'ai fait le bon calcul.

[00:14:55] Et depuis que vous avez pris conscience de la nature unique de cette crise économique, est-ce que cette première analyse, qui la qualifiait de « récession au féminin », décrit encore assez bien ce que vous voyez dans le rétroviseur?

[00:15:10] Armine Yalnizyan : Oh, en termes de ce qui s'est passé, 100%. Il n'y a rien eu de tel. Et à moins que vous n'ayez une pandémie où vous essayez de contenir une contagion en supprimant les activités non essentielles, cela ne se reproduira pas.

[00:15:23] Une grande partie du travail des femmes n'est pas essentielle. Mais la pandémie a également révélé à quel point les femmes sont essentielles, car ce sont elles qui, de manière disproportionnée, fournissent les soins et l'économie des soins. Et ce que la pandémie nous a montré, c'est que l'économie des soins est le fondement de l'ensemble de l'économie. Sans elle, les gens tombent plus vite malades, ils ne peuvent pas travailler, ils ne peuvent pas se développer.

[00:15:46] Il y a tellement de facteurs, vous savez, et vous ne pouvez pas déployer vos compétences, quelles qu'elles soient, si vous vous occupez des personnes qui sont trop âgées, trop jeunes ou trop malades pour travailler en leur fournissant des soins non rémunérés. Le rôle de la partie rémunérée de l'économie des soins est donc extrêmement important. La pandémie l'a révélé et nous les appelons les travailleurs essentiels et nos héros.

[00:16:12] Puis, lorsque nous sommes partis, nous avons recommencé à les sous-payer et à les sous-évaluer. Parce que le diagramme de Venn entre un travail d'amour et un emploi est très large dans l'économie des soins. Nous ne pouvons pas nous passer des soins. Du berceau à la tombe, il y a des moments où nous en aurons besoin. Mais la question de savoir si nous pouvons y avoir accès en raison de leur coût est une telle préoccupation pour tant de gens que nous sous-estimons continuellement les personnes qui fournissent ces soins.

[00:16:42] Gabriel Miller : Parlons donc de cette économie des soins, parce qu'elle apparaît vraiment dans votre travail comme une préoccupation centrale et que, lorsque vous décrivez, la « récession au féminin », il est tout à fait logique que notre attention se porte sur cette question plus vaste. Brièvement, qu'est-ce que l'économie des soins?

[00:17:00] Armine Yalnizyan : Oui, c'est une bonne question car personne ne la définit vraiment. L'économie des soins concerne en fait la manière dont nous prenons soin de ceux qui sont trop jeunes, trop vieux ou trop malades pour travailler. Et nous le faisons en combinant des soins rémunérés et non rémunérés.

[00:17:16] Parce que c'est vraiment l'économie de l'amour. C'est le fondement de tout ce que nous faisons. Mais avec le vieillissement de la population, l'amour devient une part de plus en plus importante de l'économie. En tant qu'économiste, je mesure ce phénomène à l'aide de deux secteurs : la quantité de travail et le PIB (ndlr : produit intérieur brut) générés par le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale et par le secteur de l'éducation. Ensemble, ces deux secteurs assurent le soin, l'alimentation et le développement de nos esprits, de nos corps et de nos âmes.

[00:17:52] Nous ne pouvons pas faire venir, vous savez, plus d'un million de personnes chaque année, dont un demi-million sont des résident.e.s permanent.e.s, mais nous faisons venir un flot de résidents temporaires pour faire face à nos pénuries sur le marché du travail. Au Québec, le gouvernement fédéral a reconnu qu'il avait du mal à trouver des personnes qui fournissent des soins dans les établissements de soins de longue durée, dans les services de garde d'enfants, dans les hôpitaux en tant qu'aides-soignant.e.s, principalement des personnes sous-formées qui font le travail vraiment laid des soins.

[00:18:23] Ces personnes qui font le travail de soins vraiment laid. Ce sont les personnes qu'ils ne peuvent pas trouver parce qu'ils ne veulent pas les payer davantage, parce que nous ne voulons pas les payer davantage.

[00:18:30] Je vous rappelle que le Québec et l'Ontario ont fait appel à l'armée pour les soins personnels et les établissements de soins de longue durée. Je vous rappelle que l'armée a dû intervenir dans les maisons de retraite et les établissements de soins de longue durée parce que ces personnes étaient surchargées de travail et manquaient de personnel. Apparemment, la réponse à notre enjeu, en matière de main-d'œuvre, a été d'ouvrir les vannes aux travailleur.euse.s étrangers temporaires, aux travailleur.euse.s immigré.e.s.

[00:18:56] Il n'y a rien de temporaire dans cet enjeu, compte tenu des pressions démographiques. Et le fait que ces établissements de soins de longue durée, essentiellement privés, ne paieront pas davantage leurs employés.  

[00:19:08] Gabriel Miller : Je suis tout à fait d'accord avec vous et je pense que si des extraterrestres venaient sur Terre et faisaient un débriefing sur les trois ou quatre dernières années, la chose qu'ils n'arriveraient pas à comprendre, c'est à quel point cette tragédie était liée à ce qui s'est passé dans les maisons de retraite et les établissements de soins de longue durée et à quel point il semble que ce soit peu ce dont nous voulons parler aujourd'hui.

[00:19:32] Et bien sûr, vous savez, je comprends que ce n'est pas une conversation agréable, mais c'est, c'est en quelque sorte notre pouvoir de, euh, je ne sais pas si je veux dire déni, mais certainement notre pouvoir de détourner le regard de quelque chose, même quand ce n'est pas dans notre propre intérêt. Et donc, je veux creuser cela parce que je pense que c'est très important ce dont vous parlez.

[00:19:54] Il semble qu'il y ait une tendance presque autodestructrice à examiner les services lorsqu'il s'agit, par exemple, d'aides-soignant.e.s ou de gardes d'enfants qui fournissent certains des services les plus importants que l'on puisse fournir dans notre société, qui contribuent au bien-être de nos enfants ou à notre propre santé et bien-être ou au bien-être de nos parents et de nos grands-parents.

[00:20:21] Et pourtant, cette contrainte, comme vous l'avez décrite, de faire les choses au rabais. Pourquoi ne pas faire un peu le tour de la question? Vous avez parlé, je crois, de la distinction entre les services véritablement publics et ce que nous voyons dans des domaines comme la garde d'enfants ou les soins de longue durée, où il semble y avoir une réticence à faire un investissement du type de ceux dont nous avons besoin.

[00:20:44] Est-ce une bonne description? Et pouvez-vous décrire un peu ce que sont les symptômes? Quelles sont les conséquences de cette approche au rabais que nous adoptons pour l'économie des soins?

[00:20:57] Armine Yalnizyan : Il ne s'agit pas seulement de soins de longue durée et de garde d'enfants. Il ne s'agit pas seulement des soins aux personnes âgées, aux personnes fragiles, aux personnes handicapées et aux enfants - aux personnes qui ne peuvent pas travailler. Il s'agit maintenant d'une contagion qui s'étend au secteur des soins de santé. Et cela signifie que lorsqu'il s'agit de soins chroniques, comme pour les jeunes enfants ou les personnes trop malades et trop âgées pour travailler, cela signifie une qualité de soins inférieure, cela signifie que nous « entreposons » des personnes qui ne sont pas en état de travailler, ou qui ne sont pas prêtes à travailler, ou qui ne sont pas en état de travailler.

[00:21:33] Nous les « entreposons » au lieu de nous occuper d'eux. Cela aura des conséquences très profondes pour la prochaine génération. Les taux de fécondité continuent de chuter et sont même en chute libre depuis la pandémie, car les jeunes sont incapables de quitter leur foyer, de nouer des liens avec d'autres personnes, de se payer un logement ou, s'ils en ont les moyens, de s'offrir un logement suffisamment grand pour fonder une famille. Les taux de fécondité continuent donc de baisser, ce qui fait des enfants notre ressource la plus précieuse, mais si vous n'investissez pas dans leur apprentissage et leur éducation précoces, vous savez, notre cerveau est câblé au cours des cinq premières années. Ainsi, « entreposer » un enfant pour pouvoir aller travailler est une chose, mais développer les aptitudes cognitives de cet enfant pour qu'il puisse s'épanouir dans l'apprentissage permet de débloquer une toute autre vague de retours sur investissement.

[00:22:30] Si nous choisissons de ne pas le faire parce que c'est moins cher, nous récolterons ce que nous aurons semé dans 15 ou 20 ans, lorsque les baby-boomers auront atteint l'âge de 80 ans et ne travailleront plus. Certains d'entre eux travaillent peut-être encore aujourd'hui, mais ils ne travailleront plus à l'âge de 80 ans. Et c'est précisément à ce moment-là que nous avons besoin de la nouvelle génération.  

[00:22:52] Mais ce que je veux dire ici, c'est que nous avons troqué la quantité contre la qualité et que cela a des conséquences plus importantes pour les enfants que pour les personnes âgées. Mais cela a des conséquences énormes pour les personnes qui aiment les personnes âgées, qu'il s'agisse de votre famille ou de quelqu'un que vous aimez, et vous allez arrêter de travailler pour pouvoir aider cette personne parce que sans votre aide, elle n'aura pas ce verre d'eau.

[00:23:19] Ils ne recevront aucune aide pour manger. Les conséquences sont terribles pour la population en âge de travailler, car nous permettons que le sous-investissement dans le personnel de ces établissements se traduise par un sous-investissement dans les soins des personnes que nous aimons lorsqu'elles sont trop âgées pour être utiles d'une manière ou d'une autre.  

[00:23:45] Dans le domaine des soins de santé, pour les médecins et les hôpitaux, nous avons décidé de nous donner mutuellement - dans les années 1960 - une garantie d'accès qui s'effondre aujourd'hui à cause du sous-investissement et de trois années de pandémie qui ont brûlé tant de gens. Lorsqu'un.e infirmier.ère diplômé.e ne peut pas prendre des vacances qui étaient prévues pour trois mois parce qu'il y a un manque chronique de personnel, cet.te infirmier.ère s'en va et dit « Je vais aller travailler pour une agence. »

[00:24:21] Nous finissons donc par payer plus cher de toute façon, vous savez? Parce que les hôpitaux se tournent vers les agences d'intérim. La situation créée par les politiques publiques dans nos hôpitaux n'a rien de temporaire. Cela fait plus de 20 ans que nous nous débattons avec ce problème et que nous n'avons rien fait en termes de politique publique. On récolte donc ce que l'on a semé. Il vous faudra peut-être 20 ans, mais vous l'obtiendrez.

[00:24:45] Gabriel Miller : Je voudrais vraiment ponctuer une partie de ce que vous avez dit parce que je pense que c'est vraiment important de le garder à l'esprit alors que nous entrons dans une période où il semble que nous allons mettre davantage l'accent sur le resserrement de la ceinture fiscale au sein du gouvernement. Et c'est cette idée, si j'ai bien compris, qu'il y a une perspective sociale humaine, c'est-à-dire que fournir ces services à un niveau de qualité élevé et garantir l'accès est la bonne chose à faire pour les gens, parce que nous devons prendre soin d'eux. Mais aussi, et c'est critique, vous considérez qu'il s'agit d'un élément absolument essentiel d'une stratégie économique qui nous permettra de rester viables au cours des deux ou trois prochaines décennies.

[00:25:32] Est-ce que c'est une bonne façon de nous décrire, que cela ne peut pas être considéré comme un beau rêve, mais que la réalité économique brute exige que nous comptions nos centimes. En fait, le message s'adresse autant à ceux qui s'inquiètent de notre économie qu'à ceux qui s'inquiètent de la façon dont nous traitons les gens dans nos communautés.

[00:25:55] Armine Yalnizyan : On ne peut pas les dissocier, vous savez? On ne peut pas dissocier le développement social du développement économique. Ils ne font qu'un. Donc, si votre choix est de dire : ça coûte trop cher de fournir de bons services de garde d'enfants, alors nous allons nous assurer qu'il y a un endroit sûr pour votre enfant. Mais il ne recevra pas nécessairement le soutien dont certains enfants auront besoin pendant les années préscolaires. Il est garanti que davantage d'enfants abandonneront l'éducation formelle.

[00:26:32] C'est la garantie que plus d'enfants n'atteindront pas leur plein potentiel en termes de capital humain. Il n'y a donc pas de séparation entre le développement économique et le développement social. Les personnes âgées sont plus problématiques, mais elles le sont parce que les personnes qui s'occupent d'elles, qui sont plus jeunes et en âge de travailler, s'occupent d'elles.

[00:27:01] Ils vont donc le faire, ils vont prendre sur leur temps de travail rémunéré pour s'occuper de ces personnes âgées parce qu'elles ne reçoivent pas suffisamment de soins, ce qui signifie encore une fois que vous ne maximisez pas la contribution qu'ils pourraient apporter à la main-d'œuvre employée. Troisièmement, si vous faites de ces emplois, de chaque emploi, un bon emploi dans l'économie des soins, cela signifie que vous ne maximisez pas la contribution qu'ils pourraient apporter à la main-d'œuvre employée.

[00:27:23] Si vous faites en sorte que chaque emploi soit un bon emploi dans ce secteur, vous aurez fait croître votre économie, vous aurez amélioré le pouvoir d'achat. Ce pourrait être la colonne vertébrale de la classe moyenne, tout comme l'a été l'industrie manufacturière dans les années 50 à 70. Déjà 20 % de tous les emplois, plus de 20 % de tous les emplois sont dans l'économie des soins, dans la santé et l'assistance sociale et dans l'éducation dans ces deux secteurs, soit un emploi sur cinq.  

[00:27:51] On s'est donc coupé le nez pour contrarier notre visage en se disant « on pourrait économiser de l'argent en ne payant pas ces gens plus chers. » Et n'oubliez pas qu'au fur et à mesure que le secteur public s'affaiblit et que le capital privé se lance dans les soins de santé, le secteur privé voit qu'il y a une vache à lait, que certaines personnes sont prêtes à payer plus.  

[00:28:16] Je veux dire, honnêtement, c'est l'histoire économique la plus exaspérante parce qu'avec la même somme d'argent, nous pourrions fournir de bien meilleurs soins à bien plus de gens, mais nous choisissons de ne pas le faire, encore et encore et encore. C'est insensé.

[00:28:32] Gabriel Miller : Parlons donc un peu de la façon dont nous faisons un choix différent. J'aimerais vous poser une question sur un point que vous avez demandé, à savoir une stratégie de main-d'œuvre à l'échelle du Canada pour l'économie des soins. Qu'est-ce que cela signifie pour vous?

[00:28:48] Armine Yalnizyan : J'ai réfléchi à une stratégie de main-d'œuvre parce que nous n'avons parlé que des coûts. En effet, dans l'économie des soins, l'intrant numéro un est le soin. Ce sont les ressources humaines qui fournissent les soins. Vous pouvez avoir tous les lits d'hôpitaux que vous voulez si vous n'avez pas d'infirmier.ère, ce n'est qu'un matelas, n'est-ce pas?

[00:29:06] Nous avons donc besoin d'une sorte de stratégie, mais la difficulté d'avoir une stratégie d'économie des soins, en soi, est que les différents aspects des soins nécessitent différents types de qualifications pour fournir les soins.

[00:29:21] Et certains soins sont gratuits. C'est un travail d'amour. Nous le faisons gratuitement à la maison ou pour les personnes que nous aimons. Il est donc problématique d'imposer ces exigences, alors qu'elles devraient l'être si nous payons quelqu'un pour qu'il nous fournisse des soins de la meilleure qualité possible.

[00:29:40] Si l'on forme les gens et que l'on met en place les qualifications que l'on souhaite, ou même si l'on ne les forme pas, il faut s'assurer que l'on minimise le taux de rotation dans le secteur, qui est marqué par un énorme taux de rotation parce que ces travailleur.euse.s sont constamment sous-évalué.e.s.

[00:29:59] Et un taux de rotation élevé réduit les soins, n'est-ce pas ? Le simple fait qu'un enfant sache qui est son éducateur ou qu'une personne souffrant de démence sache qui est la personne qui vient lui parler. Ce niveau de cohérence des soins signifie qu'il faut réduire le type de rotation que nous connaissons.

[00:30:21] Cela se fait par le biais des salaires et des avantages sociaux. Vous vous assurez que les gens se sentent valorisé.e.s et qu'ils sentent qu'ils peuvent rester dans cet emploi et ne pas se précipiter pour trouver la première meilleure chose qui paie un peu plus ou qui offre un meilleur ensemble d'avantages. Enfin, le dernier élément est l'idée d'avoir un certain contrôle sur son temps de travail.

[00:30:45] Qu'est-ce que cela signifie sur le lieu de travail? Au niveau microéconomique, la plupart des entreprises manquent de personnel. Et lorsque vous êtes en sous-effectif, vous n'avez aucun contrôle sur votre temps de travail. On attend de vous que vous fassiez des heures supplémentaires. On attend de vous que vous ne preniez pas de vacances. Bla, bla, bla.  

[00:31:05] Il doit y avoir une relation entre les qualifications et les salaires qui reconnaisse réellement que vous avez des qualifications, que vous bénéficiez d'avantages et de salaires qui vous permettent de rester en place afin de réduire la rotation du personnel, et que vous avez un certain contrôle sur votre temps de travail parce que vous n'êtes pas en sous-effectif chronique.

[00:31:24] Et cette magie doit s'exercer de la même manière partout, dans l'économie des soins.  

[00:31:32] Gabriel Miller : Vous avez parlé du fait que certains des progrès réalisés ces dernières années en matière de garde d'enfants font suite à des décennies de preuves que ces investissements et cet accès devaient être améliorés. Pour notre public qui écoute cette conversation et qui espère qu'il ne faudra pas attendre encore 40 ans pour aborder les questions relatives à une stratégie canadienne sur la main-d'œuvre en matière de garde d'enfants.

[00:31:56] Que diriez-vous à un membre de l'auditoire de surveiller pour savoir si une mesure est prise, si des progrès sont réalisés ou si des signes montrent que le gouvernement prend ces questions au sérieux. Y a-t-il quelque chose sur lequel nous devrions insister auprès du gouvernement et que nous devrions surveiller dans un avenir proche?

[00:32:13] Armine Yalnizyan : C'est une excellente question, et je dirais que quelle que soit la juridiction dont nous parlons pour les prochaines élections, qu'elles soient fédérales ou provinciales, ou même municipales dans certains cas, comme en Ontario, les candidat.e.s doivent répondre à la question de savoir ce qu'ils/elles font au sujet de cette croissance, de ce pic de la main-d'œuvre temporaire permanente dans l'économie des soins. Qu'il s'agisse d'un.e aide-soignant.e, d'un.e éducateur.trice ou même d'un.e aide-soignant.e dans un hôpital, voire d'un.e infirmier.ère diplômé.e, ces personnes figurent désormais sur la liste des travailleur.euse.s temporaires permanent.e.s qui constituent la solution à nos pénuries de main-d'œuvre.

[00:32:49] Montrez-moi donc comment vous allez remédier à cela, comment vous allez réduire le nombre de personnes qui, du fait de la conception de la politique, passent par le système au lieu de venir pour faire un travail et de rester non seulement pour faire ce travail, mais aussi pour construire leur vie ici. Deuxièmement, comment améliorez-vous les salaires et les avantages sociaux des personnes dont vous dites avoir tant besoin?

[00:32:12] La pénurie de main-d'œuvre s'explique en partie par le fait que nous sous-estimons la valeur des personnes qui prodiguent des soins, qui sont en majorité des femmes. Que feriez-vous donc pour réduire le taux d'attrition et fidéliser les personnes que vous avez déjà en leur montrant à quel point vous les appréciez?

[00:33:34] Ce sont donc les deux caractéristiques que j'aurais. La troisième serait de savoir comment vous proposez - monsieur ou madame - de pallier la pénurie de main-d'œuvre, qui est absolument prévisible car les changements démographiques garantissent que la population va vieillir et que nous aurons la plus petite cohorte en âge de travailler de l'histoire qui aura besoin d'aide pour les soins non rémunérés qui doivent être prodigués.

[00:33:58] Comment proposez-vous de compenser ce qui semble être une pénurie chronique de main-d'œuvre? Quelle serait votre solution aux pénuries de main-d'œuvre?

[00:34:12] Gabriel Miller : Merci à vous d'avoir écouté le balado Grand Voir et à mon invitée, l'économiste et écrivaine Armine Yalnizyan. Je tiens également à remercier nos amis et partenaires du Conseil de recherches en sciences humaines, dont le soutien permet de rendre ce balado possible.

[00:34:26] Enfin, merci à CitedMedia pour son soutien à la production du balado Voir Grand. Dites-nous ce que vous avez pensé de cet épisode et partagez vos commentaires avec nous sur les médias sociaux. Suivez-nous pour plus d'épisodes sur Spotify, Apple Podcast et Google Podcast. À la prochaine ! 

 

 

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