À propos de l'auteur | À propos de l'œuvre | Notes de l'auteur
« Je suis un professeur de littérature qui croit sincèrement en l’importance de la littérature, pour le plaisir, l’apprentissage et surtout, en ce qui me concerne, pour comprendre le monde qui nous entoure. Je considère qu’il est très pertinent de s’intéresser à toutes les formes artistiques afin d’essayer de comprendre le monde qui nous entoure. »
À propos de l'auteur
Pascal Riendeau est diplômé de l’UQAM (baccalauréat et maîtrise), puis de l’Université de Montréal (doctorat). Après trois ans comme chercheur postdoctoral, il a commencé sa carrière de professeur à l’Université de Toronto Scarborough où il enseigne les littératures française et québécoise. Il a d’abord manifesté un grand intérêt pour le théâtre. Il a publié une monographie sur le dramaturge Normand Chaurette intitulée La cohérence fautive; il a par la suite continué à travailler sur les textes dramatiques et a codirigé des dossiers de revues dans ce domaine (Voix et Images, L’Annuaire théâtral). Ses recherches ultérieures l’ont mené à étudier l’essai. Il a publié une monographie sur l’essai, Méditations et visions de l’essai (Prix de l’APFUCC, finaliste au Prix du Gouverneur Général). Il a été éditeur adjoint (section Essai) du volume VIII du Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, 1986-1990. Tout en continuant à travailler sur l’essai et occasionnellement sur le théâtre, il a consacré une bonne partie de sa recherche au roman. Il a codirigé un collectif (Le roman français de l’extrême contemporain. Écritures, engagements, énonciations); il a dirigé un dossier de revue sur le romancier français Éric Chevillard (Roman 20/50) et a tenu une chronique sur le roman à Voix et Images (2009-2015). Sa dernière monographie : Regards sur le monde. Conflits éthique et pensées romanesques dans la littérature française contemporaine a été publiée par les Presses de l’Université Laval à Québec et les éditions Hermann à Paris.
À propos de l'œuvre
Quelle fonction l’éthique occupe-t-elle dans la littérature contemporaine? C’est la question initiale de cet ouvrage, qui repose sur deux principes structurants : le conflit et la pensée. Il s’intéresse à la fois au roman et aux fragments ou autres formes gnomiques, idéales pour l’expression littéraire d’une pensée éthique. L’accès au monde imaginaire qu’est la littérature acquiert une pertinence plus grande à partir des interrogations éthiques qui transforment la matière et la manière romanesque. L’éthique romanesque relève alors moins du jugement que de l’évaluation et de l’exploration. Que ce soit par le roman qui pense ou les topoï romanesques dans la fiction (Milan Kundera), une esthétique de l’inusité ou une philosophie du constat (Michel Houellebecq), les variations romanesques et l’hybridité générique (Camille Laurens), on arrive à mieux saisir l’interaction entre la pensée du roman et la prose du moraliste. L’étude des formes gnomiques joue aussi rôle primordial : les grandes questions sur la place du soi dans le monde reçoivent un traitement sérieux, ironique ou dérisoire (Éric Chevillard), et le travail sur la forme fragmentaire permet de développer une éthique de la lecture (Pascal Quignard). Malgré les différences esthétiques notables de leur œuvre, les cinq auteurs réunis ont en commun d’exposer la complexité des discours de l’éthique et leur pertinence dans la littérature.
Ce livre s’est construit assez lentement; il a pris forme au fil des années, alors que je travaillais toujours en parallèle à d’autres projets. C’est durant la pandémie que j’ai décidé de consacrer plus de temps à ce projet, et j’ai terminé le manuscrit en février 2022. Au départ, il a été motivé par deux constats : une augmentation du recours à l’éthique dans le discours public; et une ouverture plus grande aux questions éthiques dans les études littéraires et l’analyse des textes. Plus j’ai lu sur le sujet, plus j’ai étudié les textes en ce sens, plus mon intérêt s’est développé. J’ai voulu mieux comprendre ce que la littérature – une source d’émotions et de réflexions – nous procure, mais surtout comment elle est habitée par des questions et des situations relevant du domaine de l’éthique, qu’elle cherche à transformer.
Je ne le cacherai pas : mon livre s’adresse d’abord à des spécialistes, mais je souhaite évidemment qu’il puisse avoir un lectorat plus large. Les questions éthiques sont souvent centrales dans nos vies, même si on ne s’en aperçoit pas toujours. La littérature joue aussi un rôle central, moins qu’avant, sans doute, mais sa pertinence n’a certainement pas disparu. J’aimerais que l’on retienne que les textes de Milan Kundera, Michel Houellebecq, Camille Laurens, Éric Chevillard et Pascal Quignard que j’ai étudiés dans mon livre ont en commun d’être traversés par un contenu philosophique ou d’être inspirés des formes propices à l’exploration d’une pensée éthique. Surtout, ils montrent de quelles façons la littérature donne lieu, entre autres choses, à des interprétations originales de textes philosophiques (souvent connus), refaçonne les discours et en fait un des éléments principaux de la forme, du contenu ou de l’imaginaire de l’œuvre. Le regard sur le monde qui est chaque fois posé nous aide à voir ou à comprendre notre monde autrement.
C’est une reconnaissance extraordinaire. Cela signifie pour moi que le travail que je fais et la façon dont je le fais plaisent à ceux et celles qui travaillent dans mon domaine. Les livres universitaires n’ont pas toujours beaucoup de visibilité dans les médias ou l’espace public en général. Ce Prix du Canada 2024 aidera à faire connaître un peu mieux mon livre et, je souhaite sincèrement que cela incite les gens à découvrir d’autres livres de profs de littérature ou de sciences humaines en général. Nombre d’entre eux sont fascinants et nécessaires.