Villain, Vermin, Icon, Kin: Wolves and the Making of Canada

À propos de l'autrice | À propos de l'œuvre | Notes de l'autrice

« Je dirais également que les loups eux-mêmes peuvent nous apprendre à quoi peuvent ressembler des formes de justice multi-espèces, si nous sommes prêt.e.s à les écouter. Leurs hurlements sont également porteurs d’histoires, signalant non seulement la perte, mais aussi la coprésence, le renouveau et le potentiel de nouvelles façons de partager la terre. »

À propos de l'autrice

Photo de Stephanie Rutherforld

Stephanie Rutherford est une spécialiste interdisciplinaire de l'environnement, professeure agrégée à l'école de l'environnement et directrice du programme de maîtrise en études de durabilité à l'université de Trent. Elle réfléchit et écrit sur les conflits et la coexistence entre l'humain et la faune, sur la justice environnementale et multi-espèces, et sur la politique environnementale. En plus d’être autrice de Villain, Vermin, Icon, Kin, elle est également l'autrice de Governing the Wild, ainsi que de deux volumes édités qui explorent la recherche sur la nature, la culture et les animaux. Ses projets actuels comprennent une histoire culturelle des coyotes, un volume co-édité sur la justice climatique multi-espèces et une collaboration communautaire sur la justice environnementale à Peterborough/Nogojiwanong. Vous pouvez la trouver à l'adresse suivante : www.stephanierutherfordphd.com.    

 

 

Couverture du livre Villain, Vermin, Icon, Kin de Stephanie Rutherford

À propos de l'œuvre

Le hurlement d'un loup est ressenti dans le corps. Effrayant et irrésistible, incompréhensible ou tout à fait connaissable, c'est un son qui peut être perçu comme une menace ou une invitation, mais qui ne laisse aucun auditeur.trice insensible.

Démons à dents, nuisibles gênants ou créatures sauvages et libres, les loups sont au cœur de l'histoire nationale du Canada depuis bien avant la Confédération. Villain, Vermin, Icon, Kin soutient que le rôle des loups - monstre ou héros - a changé de façon spectaculaire au fil du temps. En explorant l'histoire sociale des loups au Canada, Stephanie Rutherford tisse une tapisserie innovante à partir des fils variés de textes, d'idées et de pratiques historiques et contemporaines concernant les relations entre l'humain et le loup, depuis les primes provinciales jusqu'à l'emblématique Never Cry Wolf de Farley Mowat. Ces exemples révèlent que le Canada s'est construit, en partie, grâce aux relations avec les animaux non humains.

Les loups ont toujours captivé l'imagination humaine. En décrivant les liens que les gens ont entretenus avec les loups à différentes époques, Villain, Vermin, Icon, Kin offre un modèle pour des façons plus éthiques d'interagir avec les animaux face à une crise mondiale de la biodiversité.

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Notes de l'autrice

Alors que je travaillais sur mon premier livre, j'ai fait une visite du parc national de Yellowstone consacré aux loups avec un groupe d'Américain.e.s. En fait, les loups n'étaient qu'un élément indirect de mes recherches; ils auraient pu être des bisons, des grizzlis ou des coyotes. Pour ce livre, je m'intéressais à la manière dont la nature au sens large était considérée dans les politiques culturelles. Mais j'ai été surprise lorsque les Américain.e.s ont commencé à féliciter le Canada pour avoir sauvé les loups, contrairement aux États-Unis qui les avaient persécutés à un tel point qu'il avait fallu les réintroduire. Cela m'a semblé être un cas fascinant d'exceptionnalisme canadien mal placé, car j'avais l'impression que le Canada n'avait pas fait grand-chose pour protéger les loups. Il s'agissait plutôt d'un accident géographique. En effet, les loups au Canada ont suscité à la fois de la lumière et de la chaleur, car leur présence, et les animaux eux-mêmes, semblaient à la fois vénérés et méprisés. Il y a très peu d'ambivalence sur le sujet des loups.

J'ai donc cherché à comprendre ces émotions fortes et ces réactions souvent violentes. Au fil de mes recherches, je me suis rendue compte que les histoires de loups servaient en quelque sorte de pédagogie coloniale : les bons et les mauvais animaux, la manière dont la nature doit se soumettre à la volonté de l'humain, et qui peut occuper la terre. Je pense qu'elles fonctionnent toujours de la même manière aujourd'hui, même si la teneur de ces histoires a changé. Je voulais donc réfléchir à la manière dont le pouvoir a été inscrit sur le corps du loup au Canada et à la manière dont il pourrait être désinscrit ou réécrit différemment.

J'espère que les lecteur.trice.s prendront conscience que les histoires que nous racontons façonnent activement la terre et les idées sur les individu.e.s - humain.e.s et autres - qui ont le droit de s'y installer. Les histoires que les colons ont racontées sur les loups depuis la fondation du Canada étaient imprégnées de sang. Ces histoires ont façonné des interactions avec les loups qui étaient fondées sur une sorte de violence exagérée qui frôlait - dans certains cas - la torture. À mon avis, c'est en grande partie parce que les loups menaçaient les enjeux économiques et politiques de la nation.  

Mais il y a toujours eu de meilleures histoires à raconter. L'écoute de la sagesse autochtone sur les relations entre l'humain et le loup a beaucoup à offrir à une conversation sur les pratiques de coexistence, de respect et d'humilité; il s'agit là d'un thème majeur de ce livre. Je dirais également que les loups eux-mêmes peuvent nous apprendre à quoi peuvent ressembler des formes de justice multi-espèces, si nous sommes prêt.e.s à les écouter. Leurs hurlements sont également porteurs d'histoires, signalant non seulement la perte, mais aussi la coprésence, le renouveau et le potentiel de nouvelles façons de partager la terre. 

Il m'a fallu dix ans pour écrire ce livre; pendant cette période, j'ai vécu avec [ce livre] presque tous les jours. Mais une fois qu'un livre est publié, on n'a souvent qu'une très faible idée de la façon dont il est reçu. Cette reconnaissance est un immense honneur qui me permet de voir comment, à ma très petite échelle, je peux contribuer à des modes de vie plus axés sur la justice.  

Ce prix m'incite également à poursuivre un travail transdisciplinaire qui peut souvent sembler risqué, comme si l'on marchait sur les plates-bandes d'une discipline, ou que l'on n'était pas assez versé dans le domaine pour faire des affirmations solides. Ce que les Prix du Canada offrent, je pense, c'est la reconnaissance de l'importance de ce type de travail et, en effet, si nous voulons trouver de meilleures façons de vivre dans un monde assailli par des crises interdépendantes, nous devons nous appuyer sur un éventail de façons de savoir et d'être.