Allocution de Graham Carr
Président
Fédération canadienne des sciences humaines
Assemblée générale annuelle
29 mars 2012
Le discours prononcé fait foi.
Bon après-midi à tous,
Bienvenue à l'assemblée générale annuelle de la Fédération canadienne des sciences humaines. Deux nouveautés aujourd'hui : nous tenons notre assemblée générale annuelle hors d'Ottawa et nous nous associons à un colloque soulignant le travail d'un des chercheurs les plus réputés au Québec et au Canada, Charles Taylor.
J'espère que beaucoup d'entre vous assisteront au colloque en l'honneur du 80e anniversaire de Charles Taylor, qui se tiendra demain au Musée des beaux-arts. L'événement est organisé par le Groupe de recherche interuniversitaire en philosophie politique de Montréal, le Centre de recherche en éthique de l'Université de Montréal et le Research Group on Constitutional Studies de l'Université McGill. Charles Taylor incarne la rigueur, la complexité et l'engagement social de la recherche en sciences humaines à son meilleur, et c'est un plaisir d'associer la Fédération à un colloque consacré à son travail.
Comme point saillant des activités de demain, nos Prix du Canada 2012 en sciences sociales et en sciences humaines seront remis à l'occasion d'une cérémonie qui se tiendra au Musée à midi. Cette cérémonie est un des événements distinctifs de la Fédération. Notre Programme d'aide à l'édition savante est la principale source de financement approuvé après une évaluation par les pairs pour les monographies scientifiques au Canada; il rend chaque année possible l'édition de dizaines de livres en français et en anglais dans toutes les disciplines. Les quatre auteurs primés seront sur place demain et vous êtes tous invités à la cérémonie. Nous vous promettons un bon repas et toutes les délicatesses auxquelles on peut s'attendre d'une réception à Montréal. J'espère vous y retrouver.
Cet après-midi, Noreen Golfman, présidente sortante de la Fédération et présidente du Comité des candidatures, annoncera le résultat des récentes élections tenues au conseil d'administration, puis nos vice-présidents présenteront leurs dossiers respectifs. Notre réunion d'affaires suivra; nous ferons alors le point sur les changements proposés à notre gouvernance.
À l'heure actuelle cependant, des dizaines de journalistes et d'intervenants sont absorbés par le Budget fédéral de 2012, dont le contenu sera rendu public dans quelques heures. Parmi eux se trouve notre directrice des politiques et des communications, Alison Hebbs. Nous avons prévu une téléconférence avec Alison à 17 h 30 pour ceux qui souhaitent savoir ce que le budget réserve à notre milieu.
Parlant d'Alison, je profite de l'occasion pour souligner le travail remarquable qu'accomplit notre secrétariat, situé à Ottawa et géré par le directeur général Jean-Marc Mangin, Alison, Ann Miller, Jessica Harrington et toute l'équipe. En plus de mener de façon admirable les activités quotidiennes de l'organisation ainsi que d'assurer la liaison avec nos membres et des collaborateurs externes clés, les membres de l'équipe du secrétariat réussit toujours à organiser des événements professionnels de qualité, à entreprendre des consultations productives de haut niveau et de rédiger des rapports opportuns sur les grands enjeux qui touchent notre communauté. Veuillez vous joindre à moi pour les remercier.
Je profite aussi de l'occasion pour remercier mes collègues du conseil d'administration et du comité exécutif de la Fédération, qui ont consacré bénévolement beaucoup de temps à l'organisation pour la mise en œuvre du cadre stratégique adopté par l'assemblée générale l'an dernier.
Surtout, je veux saluer trois membres du comité exécutif - Malinda Smith, David Mitchell et Noreen Golfman - dont le mandat prend fin aujourd'hui. Malinda a travaillé sans relâche à promouvoir l'engagement de la Fédération envers l'équité et la diversité et à accroître la visibilité de notre travail dans cet important domaine. De la même façon, depuis qu'il est devenu membre du comité exécutif il y a deux ans, David nous a poussés à chercher de nouveaux partenariats et à imaginer différentes façons de poursuivre notre travail et de représenter ce que nous sommes. Et évidemment, où serions-nous sans Noreen Golfman, qui a dirigé la Fédération vers de nouvelles orientations essentielles au cours de ses récents mandats comme présidente. Sur une note personnelle, je ne peux exprimer à quel point j'ai apprécié pouvoir me tourner vers Noreen pour obtenir des conseils et du soutien au cours de la dernière année. C'est toujours paradoxalement satisfaisant de découvrir que quelqu'un dort encore moins que soi! Veuillez vous joindre à moi pour remercier Malinda, David et Noreen pour leur remarquable contribution à la Fédération.
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J'aimerais maintenant prendre le temps de souligner quelques-unes des réalisations de la Fédération au cours de la dernière année et parler des importants défis et des excellentes occasions qui nous attendent. Comme la plupart des organisations universitaires, nous ne sommes pas imperméables au climat économique et avons dû apprendre à gérer des limites financières et des changements organisationnels. Malgré ces défis, nous avons connu une très belle année et la mise en œuvre de notre plan stratégique a beaucoup progressé.
Le plan est guidé par trois mots : diffusion, pertinence et ressources. Laissez-moi m'éloigner un peu de cette trilogie pour parler de diffusion, de pertinence et de liens, qui ont beaucoup à voir avec les ressources. Le succès du Congrès, des causeries Voir grand, du Programme d'aide à l'édition savante de même que l'influence de nos travaux stratégiques et notre engagement accru envers nos membres sont essentiels à la culture de notre organisation. Voilà les véhicules qui nous permettent de réaliser notre mission visant la « promotion de la recherche, de l'érudition, de l'activité créative et de l'apprentissage » et souhaitent « favorise[r] la compréhension des contributions faites par les lettres, les sciences humaines et les arts au Canada et au monde ». En travaillant à accomplir cette mission, nous concrétisons notre vision de « contribue[r] de façon tangible à créer une société libre et démocratique » en « œuvrant à l'avancement de l'équité, de la diversité, du savoir, de l'excellence et de l'innovation ».
Un des plus grands défis auxquels nous devons faire face cependant est celui de bien communiquer ce qu'est la Fédération et ce qu'elle fait. De récentes entrevues avec différents intervenants nous ont rappelé que la Fédération est « une grande force canalisatrice de la capacité créative et intellectuelle du Canada », précisément parce qu'elle « représente des gens qui abordent les enjeux complexes de notre époque ». Nous voulons nous assurer que, chaque fois que la Fédération communique à l'interne ou à l'externe, nous diffusons ce message, laissons une impression positive et faisons comprendre et reconnaître notre contribution à la société.
Dans un milieu surpeuplé de récits contradictoires sur l'éducation, la recherche et l'enseignement, comment une organisation nationale représentant près de 160 universités et sociétés savantes peut-elle transmettre son message à toute une variété de membres, d'intervenants et de public engagé (ou non) de façon à ce qu'il soit vu, entendu et, surtout, intégré/intériorisé? Je vais essayer de répondre à cette question grâce aux trois mots qui guident notre plan.
Sans surprise, dans une ère où les sciences humaines numériques sont de plus en plus populaires, nous sommes déterminés à tirer parti des extraordinaires voies de la technologie numérique pour élargir la diffusion de nos activités et étendre notre réseau de liens. Le style de notre nouveau site Web - qui sera rendu public sous peu - reflétera mieux la pertinence de ce que fait notre communauté et de ce que notre public veut, plutôt que la régie interne de l'organisation, comme c'était le cas dans le jusqu'ici. Notre site Web deviendra un endroit où les recherches menées par la communauté des sciences humaines et des arts, de même que les activités et les histoires de cette communauté, sont mises en valeur, promues, abordées et diffusées. Ce n'est là que la première étape, importante et nécessaire, du renouvellement général de l'image publique de la Fédération, un renouvellement essentiel à notre orientation stratégique dont vous entendrez beaucoup parler dans la prochaine année.
Un des meilleurs exemples des tentatives fructueuses de la Fédération d'améliorer notre diffusion, notre pertinence et nos liens est la série de déjeuners-causeries Voir grand qu'elle organise sur la Colline du Parlement. L'impact de ces causeries atteint des sommets inégalés. Voici où les communications entrent en jeu : à moins que vous ne soyez à Ottawa ou que vous suiviez la diffusion des causeries sur notre site Web, vous ne pouvez pas vraiment vous rendre compte à quel point les causeries Voir grand sont essentielles au profil externe de la Fédération. Depuis l'automne dernier, nous avons organisé six causeries sur la Colline du Parlement, sur des sujets comme la sécurité humaine à l'échelle mondiale, la mobilité sociale des immigrants et la crise économique mondiale. La plupart ont fait salle comble, nous avons même dû refuser des gens. Il est intéressant de voir qui assiste à nos causeries. En plus du personnel politique, des membres d'ONG et d'organismes gouvernementaux, des chercheurs, des universitaires et de nos collègues du CRSH et de l'AUCC, nous attirons un nombre record de membres du Parlement provenant des trois principaux partis. Par exemple, plus de 30 députés et sénateurs, et même le premier sous-gouverneur de la Banque du Canada, ont assisté à la causerie de Jack Mintz, de la University of Calgary, sur la crise économique mondiale. Le nombre de participants à Ottawa et leur provenance mettent en évidence la pertinence qu'ont pour eux la série de causeries et la contribution de nos chercheurs aux discussions sur les politiques publiques.
En outre, la réputation croissante des causeries Voir grand permet de tisser des liens, de trouver des fonds et de tirer parti plus facilement des activités pour élargir le public. De plus en plus d'universités offrent de commanditer les déjeuners. Pour la causerie sur les coopératives tenue en décembre, nous avons reçu du financement de Desjardins, de l'Association des coopératives du Canada et de Credit Union Central of Canada. Grâce à ces ressources additionnelles, nous pouvons présenter nos conférenciers à différents endroits. Plus tôt ce mois-ci, quand Alexandre Sévigny était à Ottawa pour sa causerie Voir grand sur la période des questions, il a été interviewé par la CBC, il a animé un atelier sur les médias sociaux dans l'édifice du Centre à l'intention une cinquantaine de membres du personnel politique et il s'est tourné vers la collectivité en participant à une causerie informelle dans un bistrot local, un genre de brasserie scientifique, avec des étudiants et des membres du grand public.
Afin de dépasser les frontières d'Ottawa, nous avons organisé une causerie Voir grand à Kitchener-Waterloo en novembre. Là, en partenariat avec Communitech Hub, nous avons présenté le Congrès 2012 à toute la collectivité par l'entremise d'un événement qui a rassemblé chercheurs, entreprises de haute technologie locales, maires et conseillers municipaux, grand public et, bien sûr, nos partenaires, la University of Waterloo et la Wilfrid Laurier University. Nous planifions actuellement des projets similaires pour d'autres villes et sommes à la recherche de nouvelles idées à explorer pour l'avenir.
Les retombées du Congrès atteignent aussi des sommets inégalés. La programmation de la Fédération est maintenant liée à des thèmes interdisciplinaires clés, la collaboration internationale est de plus en plus intégrée et notre diffusion virtuelle connaît une croissance rapide, même dans les lieux de plus petite taille. À Fredericton en 2011 par exemple, le trafic du site Web du Congrès a augmenté de 300 % par rapport à l'année précédente, où le Congrès avait connu une participation record à l'Université Concordia à Montréal. Puisque les congressistes et les congressistes potentiels se rendent sur le site Web du Congrès pour lire et s'inscrire à l'événement, le site Web est devenu le portail d'information et de nouvelles à visiter pour le public qui veut s'informer au sujet du Congrès et participer aux vastes discussions sur les sujets qui animent la recherche en sciences humaines et en arts au Canada.
Nous avons aussi intégré les applications au Congrès. Il est maintenant possible, sur n'importe quel téléphone ou tablette, de surveiller ce qui se passe chaque jour, de discuter des activités sur Twitter et de trouver des rapports, des blogues et des vidéos des causeries Voir grand et des tables rondes. Notre capacité de numériser et de capter le contenu a augmenté, et nous pouvons maintenant diffuser davantage et atteindre un public plus large que jamais.
Je souhaite ici souligner que le Congrès génère la plus importante couverture médiatique de nos disciplines dans les nouvelles locales, régionales, nationales et internationales. L'efficacité de notre exploitation des médias est telle que, malgré la tenue d'un Congrès d'assez petite taille à Fredericton l'an dernier, nous avons obtenu notre plus importante couverture médiatique à ce jour. Cette année, nos plans sont encore plus ambitieux et prévoient des rencontres avec des comités de rédaction de Toronto, des mêlées de presse pour les conférenciers Voir grand et une formation sur les médias donnée aux chercheurs afin d'accroître la capacité de communication publique.
Au cours de la dernière année, nous avons contribué de façon productive à des débats politiques. Jay Rahn, de l'Université York, a présidé notre Groupe de travail sur le droit d'auteur et présenté notre mémoire au comité législatif de la Chambre des communes. Jean-Marc Mangin a quant à lui exprimé notre point de vue sur l'éducation internationale à des décideurs du gouvernement fédéral et j'ai soumis au Comité des finances nos recommandations pour le budget fédéral de 2012. (Nous verrons dans quelques heures l'effet que cela a eu).
Ces activités prennent du temps, mais les efforts sont récompensés, surtout lorsqu'ils s'alignent bien sur les activités de lobbying d'autres intervenants en éducation postsecondaire. Dans le dernier budget fédéral, d'importants investissements ont été annoncés en innovation, en éducation et en formation, y compris une hausse de 7 millions de dollars par année du financement du CRSH. Ce qui a particulièrement capté notre attention cependant a été la mention explicite, sans doute une première dans un budget fédéral, que « [l]'affectation de nouveaux fonds aux divers conseils subventionnaires représente une proportion plus élevée consacrée à la recherche en sciences humaines comparativement aux précédents budgets ».
Les activités de promotion d'intérêts que la Fédération entreprend sont intensives et comportent souvent des délais serrés. Il faut donc réagir rapidement et intelligemment aux demandes de contributions stratégiques, qu'il soit question d'économie numérique, de droit d'auteur, de libre accès ou même des transformations aux organismes subventionnaires. Pour mener ces activités, nous rencontrons des groupes d'experts formés de chercheurs de toute notre communauté qui possèdent des connaissances et une expertise étendues et approfondies nous permettant d'adopter des opinions équilibrées et nuancées sur les questions clés.
Les activités universitaires et de promotion d'intérêts soutenues par la Fédération favorisent la recherche créative et novatrice et fournissent aux chercheurs en sciences humaines et en arts de nombreux forums où laisser libre cours à leur imagination et échanger des idées dans leur communauté et ailleurs. Le travail de la Fédération permet à nos chercheurs d'approfondir le discours public et de proposer des politiques publiques fondées sur des données probantes. Il nous amène de plus en plus à favoriser les partenariats et à tisser des liens entre notre milieu et les utilisateurs et leaders d'opinion qui veulent comprendre l'importance de nos recherches ainsi que la contribution de nos points de vue à l'amélioration de la société. La société a besoin de notre contribution collective pour poser de nouvelles questions, proposer de nouvelles pistes de recherche ou encore trouver de nouvelles façons d'aborder les enjeux complexes auxquels nous devons faire face. Cet esprit d'engagement est possible entre toutes nos disciplines.
À la diffusion, à la pertinence et aux liens, permettez-moi d'ajouter un quatrième mot : souvenir. Plus que jamais, le monde doit se souvenir, se faire rappeler l'indicible complexité de la condition humaine et la diversité des contextes, des conditions et des expériences des très nombreuses sociétés dans lesquelles nous vivons à l'échelle locale, nationale et mondiale. À cet égard, les recherches complexes et l'engagement public de Charles Taylor devraient tous nous inspirer et, à titre de collègues de la communauté canadienne des sciences humaines, nous rendre fiers.
En conclusion, j'aimerais souligner que la Fédération apprécie sincèrement le soutien qu'elle a reçu de chacun de vous et de vos organisations dans la dernière année. Nous serons heureux de travailler avec vous pour promouvoir notre vision et continuer de faire progresser notre mission.
Merci.
Je peux maintenant répondre à vos questions.