À propos de l'autrice | À propos de l'œuvre | Notes de l'autrice
« J'ai grandi en écoutant les âcimisowina [vignettes autobiographiques] de ma mère, je n'ai pas été surprise de constater que de nombreux.euses auteur.trice.s autochtones du Canada que j'ai commencé à lire à l'âge adulte incluaient - et s'appuyaient sur - leurs propres récits de vie. Ce qui m'a surpris, cependant, c'est que ces archives ont été sous-étudiées et sous-évaluées. »
À propos de l'autrice
Deanna Reder (Cree-Métis) est professeure titulaire au département d'études autochtones et au département d'anglais de l'université Simon Fraser. Elle est l'une des membres fondatrices de l'Indigenous Literary Studies Association (ILSA) et a été rédactrice en chef de la série Indigenous Studies chez Wilfrid Laurier University Press de 2010 à 2021. Elle est membre fondatrice de l'Indigenous Editing Association (IEA), créée en 2019, et coprésidente des Indigenous Voices Awards depuis leur création en 2017 (voir Indigenousvoicesawards.org). La professeure Reder est responsable de la recherche pour « The People and the Text : Indigenous Writing in Northern North America in Lands Claimed by Canada » (voir www.thepeopleandthetext.ca). Elle est co-éditrice de quatre anthologies, dont deux sont fondamentales pour le domaine des études littéraires autochtones au Canada (Learn, Teach, Challenge: Approaching Indigenous Literatures, 2016; Read, Listen, Tell: Indigenous Stories from Turtle Island, 2017). Elle a codirigé, avec Sophie McCall, le numéro du cinquantième anniversaire d'Ariel: A Review of International English Studies en 2020 et a codirigé, avec Michelle Coupal, un numéro sur la pédagogie dans Studies in American Indian Literatures en 2022. En 2022, sa monographie Autobiography as Indigenous Intellectual Tradition a été publiée et a remporté le prix Gabrielle Roy de l'Association des littératures canadiennes et québécoises en 2023. En 2024, son livre a reçu le prix de l'Association des langues modernes pour les littératures, les cultures et les langues amérindiennes. Mme Reder a été intronisée au Collège des nouveaux chercheurs de la Société royale du Canada en 2018.
À propos de l'œuvre
Autobiography as Indigenous Intellectual Tradition critique les façons d'aborder les textes autochtones qui s'inspirent de la tradition universitaire occidentale et propose à la place une nouvelle façon de théoriser la littérature autochtone fondée sur la pratique autochtone de l'écriture de la vie.
Depuis les années 1970, les chercheur.euse.s non autochtones ont perpétué l'idée que les peuples autochtones n'étaient pas enclins à parler de leur vie et ont souligné l'hypothèse selon laquelle l'autobiographie est une invention européenne. Deanna Reder remet en question ces idées reçues en attirant l'attention sur les pratiques autobiographiques de longue date qui sont enracinées dans la culture Crie et Métisse, ou nêhiyawak, et en examinant une série d'exemples de récits de vie autochtones. S'appuyant sur des récits familiaux et des recherches historiques originales, Reder examine les écrits censurés et supprimés d'intellectuels nêhiyawak tels que Maria Campbell, Edward Ahenakew et James Brady. Fondée sur les ontologies et épistémologies nêhiyawak qui considèrent les récits de vie comme un moyen intergénérationnel de transmettre des connaissances sur un monde partagé, cette étude encourage une réévaluation généralisée de l'engagement passé et présent avec les formes de narration autochtone dans toutes les disciplines scientifiques.
En partie parce que j'ai grandi en écoutant les âcimisowina [vignettes autobiographiques] de ma mère, je n'ai pas été surprise de constater que de nombreux.euses auteur.trice.s autochtones du Canada que j'ai commencé à lire à l'âge adulte incluaient - et s'appuyaient sur - leurs propres récits de vie. Quel que soit le genre - histoire, commentaire politique, discours public, critique littéraire ou journalisme - j'ai remarqué que les écrits des auteur.trice.s autochtones intégraient des détails autobiographiques. J'ai toujours reconnu la valeur personnelle et le grand respect de l'opinion d'autrui implicites dans cette pratique. Ce qui m'a surpris, cependant, c'est que ces archives ont été sous-étudiées et sous-évaluées.
Ce schéma binaire qui conçoit le discours autochtone comme essentiellement oral et le discours européen comme essentiellement littéraire est un faux clivage qui ignore la dépendance complexe de toutes les cultures à l'égard d'un éventail de littératies. Elle donne également au chauvin européen la justification d'ignorer la production littéraire autochtone, réaffirmant la fausse binarité entre l'oral et l'écrit. En outre, elle nous empêche de reconnaître historiquement l'absence désolante d’accès aux opportunités de publication pour les auteur.trice.s autochtones. Bien que ce livre reconnaisse principalement l'impact de la nêhiyawi-itâpisinowin [vision du monde Cris] sur les littératures Cris et Métisses, il est impossible de discuter des littératures autochtones au Canada sans noter également les effets paralysants que l'industrie de l'édition et de la publication a eus sur l'ensemble de la production littéraire autochtone.
Tout au long de mon parcours à l’école publique et jusqu'à mon doctorat, je n'ai jamais été enseignée par un.e professeur.e autochtone et on m'a rarement confié des œuvres littéraires d'auteur.trice.s Cris et Métis. J'espère que ce prix validera l'objectif de ma monographie, qui est celui d'inspirer davantage de travaux d'archives sur les textes autochtones et d'encourager les jeunes chercheur.euse.s autochtones à considérer leur compréhension de la culture comme une contribution précieuse à leurs travaux.
Mes recherches sur les archives littéraires autochtones négligées se poursuivent, tout comme mon travail avec Sophie McCall, collègue à la SFU, et Billy-Ray Belcourt, professeur.e.s à l'UBC, pour coprésider les Indigenous Voices Awards, afin de valoriser les écrivain.e.s du passé et d'encourager celles et ceux de l'avenir.