L’Université York, qui accueille le Congrès 2023, est la troisième plus grande université au Canada et œuvre depuis longtemps pour la justice sociale, l’accessibilité en matière d’éducation et l’autonomie collégiale. York se trouve sur un territoire traditionnel de la nation anishinabée, de la Confédération Haudenosaunee et des Hurons-Wendats – des terres assujetties au Pacte de la ceinture wampum faisant référence au concept du « bol à une seule cuillère », un accord visant à partager pacifiquement et à préserver la région des Grands Lacs. Cette relation de préservation s’accompagne d’une responsabilité de la part de tous ceux qui pénètrent sur ces terres.
York est l'une des universités canadiennes les plus diversifiées comprenant un nombre considérable d’étudiant.e.s universitaires de première génération. Le campus principal, c.-à-d. le campus Keele, se trouve dans un emplacement convenable, près du quartier Jane-Finch, un des quartiers les plus connus sur le plan culturel et parmi les plus multiethniques de Toronto. Ce quartier a vu le jour dans les années 1960, à la suite de la transformation rapide de la population immigrante sur le plan ethno-racial dans le nord-ouest de la ville. Les valeurs fondamentales de York, soit l’excellence, la durabilité, la justice sociale, l’équité, la diversité et l’inclusion reposent sur la connaissance de ces contextes socioculturels.
Alors que nous nous préparons pour le Congrès 2023, nous devons reconnaître que les universités n’existent pas dans un espace privilégié coupé du reste du monde. Nos institutions sont fortement influencées par les contextes historique, socioculturel et politique qui constituent le cadre de leur existence. Les universités canadiennes ont été mêlées au passé violent de la colonisation et à la conception de l’esclave-chose, et les disciplines des sciences humaines ont contribué à renforcer les préjugés racistes présentant les personnes de race noire et des peuples autochtones comme étant inhumaines.
En sachant cela, il nous faut accepter que les universités et les diverses disciplines qu’on y enseigne aient beaucoup à apprendre et à désapprendre à mesure qu’elles poursuivent leur engagement envers l’éducation des Canadien.ne.s. Pour que les universités contribuent au changement des attitudes et des perceptions du public en vue de la réalisation d’un monde plus juste, les chercheur.euse.s et les érudit.e.s doivent porter attention et être réceptifs aux nouvelles formes de production de connaissances qui accordent de la valeur aux recherches communautaires, reconnaissent et honorent les différences et la justice relationnelle. Les militant.e.s, les artistes et les étudiant.e.s ont été les chefs de file de ces importants appels du XXIe siècle à rendre des comptes en matière de racisme et à une justice environnementale; de plus, l’art, l’activisme et les connaissances de la collectivité seront essentiels pour transformer l’éducation supérieure.
Apprendre et désapprendre : Programme du Congrès 2023
Afin de continuer à apprendre et à désapprendre, York collabore avec des artistes et des érudit.e.s autochtones et noir.e.s dans le cadre de la programmation du Congrès 2023. La collaboration d’organisateurs et d’organisatrices, d’artistes ainsi que d’enseignant.e.s et d’étudiant.e.s du secondaire du secteur Jane-Finch sera sollicitée. Le but est de favoriser un échange d’idées dynamique et multidirectionnel qui touche aussi bien la collectivité que le milieu universitaire et plus encore dans le monde.
En nous appuyant sur le thème du Congrès qui s’intitule « Confronter le passé, réimaginer l’avenir », nous élaborons une série de programmes ouverts qui mettent en valeur, élargissent et renouvellent les forces de York en matière de recherche interdisciplinaire, d’engagement communautaire et d’art. Cette programmation, qui est axée sur l’art et les connaissances collectives émanant des communautés autochtones et noires, a été conçue pour combler le fossé entre l’université et la société en général.
Le programme du Congrès 2023 portera sur la manière dont les connaissances des communautés autochtones et noires peuvent, d’une part, transformer la façon de faire des universités en ce qui a trait à la production des idées et, d’autre part, leur donner la possibilité de reconnaître leur propre histoire. Il nous sera ainsi possible de bien considérer ce qui est nécessaire pour concevoir les termes selon lesquels nous pouvons ensemble mettre en place un monde plus juste.
En reconnaissant que York se trouve sur des terres autochtones et dans la collectivité Jane et Finch, ce programme conjoint reconnaît également les moyens selon lesquels les sciences humaines, entre autres, ont profité de l’étude excessive, de la victimisation et du dénigrement des communautés autochtones et racisées. Ce programme encouragera un dialogue sur la forme que pourrait prendre un véritable partenariat, en comprenant qu’il reste beaucoup de travail à faire.
Dans le cadre des sous-thèmes Arts@Congress et engagement et connexions communautaires, nous voulons apporter un modèle de recherche et d’art en milieu communautaire qui accorde la priorité à la communauté. Le programme en cours d’élaboration comprend des causeries de la part de femmes artistes et d’érudit.e.s autochtones ainsi qu’une collaboration avec les d’étudiant.e.s, les artistes et les jeunes de l’école secondaire du secteur JaneFinch. Ensemble, nous travaillons pour mettre en valeur le potentiel d’un engagement communautaire et accroître l’autodétermination des peuples autochtones, la justice environnementale et raciale dans notre monde interdépendant, notamment par l’entremise des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.
Ce programme ouvert sera disponible à tous les congressistes, et nous souhaitons accroître la participation en offrant des laissez-passer communautaires qui permettent également d’assister aux conférences Voir grand et aux ateliers de la Foire aux carrières. Nous nous sommes engagé.e.s à faire de la place à un choix diversifié de penseur.euse.s , notamment à des personnes qui dans le passé n’ont jamais participé au Congrès ou dont les récits ou les expériences n’y ont jamais été présentés ou qui ne pourraient peut-être pas autrement participer à une conférence savante. Parmi ces penseur.euse.s, on compte des membres autochtones, racisées, transgenres, bispirituels, chercheur.euse.s, étudiant.e.s, employés et anciens élèves de la communauté de York ainsi que des d’enseignant.e.s du secondaire, des artistes, des organisateurs et des organisatrices et d’autres membres de nos collectivités locales environnantes.
Nous encourageons les sociétés savantes à faire comprendre à leurs membres qu’il s’agit d’une programmation ouverte, à montrer que le programme fait partie intégrante d’un dialogue et d’un échange riche, qui nous invite à dépasser nos points de vue disciplinaires personnels et à prendre en considération les injustices et les inégalités de notre passé, ainsi que nos divergences et nos solidarités. Un rassemblement ou une série d’engagements ne changera ni les universités ni le monde. Toutefois, lorsque le dialogue est honnête et inclusif, lorsqu’il repose sur des principes de nature relationnelle et sur la réciprocité, et lorsque ce dialogue touche l’intérieur et l’extérieur dans toutes les directions, nous pouvons affirmer que le travail a commencé et qu’il s’agit d’un travail concret et qu’ensemble nous pouvons amener des changements positifs dans le monde qui nous entoure.