Inscrire l’histoire dans l’avenir

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1 juin 2015
Auteur(s) :
Roberta Staley

Roberta Staley

Constance Crompton est responsable d’un projet financé par le Fonds des leaders (devenu le Fonds des leaders John-R.-Evans) de la Fondation canadienne pour l’innovation. Elle participera au panel « From Documents to Data » à la conférence de la Société canadienne des humanités numériques qui se déroulera le mardi 2 juin 2015 au Congrès 2015 des sciences humaines. Cet article a été publié à l’origine sur innovation.ca en janvier 2015.

L’année dernière, la Biblioteca Apostolica Vaticana, ou bibliothèque vaticane, amorçait la numérisation de ses vastes et remarquables archives qui comprennent notamment des originaux de La Divina Commedia de Dante Alighieri et de la Bible de Gutenberg. Au terme de cette entreprise, le public pourra consulter l’exceptionnelle collection de 82 000 manuscrits du Vatican.

Âgée de 33 ans, Constance Crompton, professeure adjointe en sciences humaines numériques au campus de Kelowna à The University of British Columbia, s’est lancé dans un projet similaire de numérisation. Nouvellement financé par le Fonds des leaders John-R.-Evans de la Fondation canadienne pour l’innovation, son projet de recherche ‒ The Exchange: A Humanist Data Lab ‒ jette un pont entre le passé et le présent par la numérisation.

En mai 2015, Constance Crompton et à son équipe de chercheurs en sciences humaines numériques se serviront de ce laboratoire informatique spécialisé pour réaliser un programme avant-gardiste de codage des archives historiques. En dépit de la grande complexité du procédé d’encodage, toute personne qui s’intéresse à ce champ d’études pourra accéder facilement non seulement aux textes, mais aussi utiliser des outils conviviaux favorisant la recherche de tendances à partir des sources archivistiques primaires autrefois inaccessibles, depuis des manuscrits du XVIe siècle de la cour des Tudor jusqu`à des documents sur le mouvement de libération des homosexuels du XXe siècle. À l’instar du Vatican, qui a rarement autorisé des chercheurs à prendre connaissance de sa collection, les nombreux documents consultés par la chercheuse étaient jusqu’à maintenant réservés à ceux qui pouvaient se rendre où sont conservés les livres et publications éphémères.

Ce projet s’inscrit dans le prolongement naturel des premiers travaux menés par Mme Crompton, titulaire d’un doctorat de l’Université York en communication et culture, avec spécialisation en littérature anglaise. Alors doctorante, elle a participé à une initiative de numérisation qui conjuguait sa passion pour l’histoire et l’informatique. Le Yellow Nineties Online est un projet de numérisation des périodiques du XIXe siècle faisant la promotion de divers styles de vie à la fin de la période victorienne et à fournir des ressources contextuelles savantes sur ces publications. Gestionnaire de projet, elle a supervisé la numérisation de ce riche ensemble documentaire.

Ses recherches sur la vie à la cour des Tudor jusqu’aux textes juridiques du XXIe siècle en passant par la littérature d’avant-garde victorienne et les publications sur la libération des homosexuels au XXe siècle, ont pour fil conducteur la représentation des notions de sexualité, de sexe et de genre. Comme on pourrait s’y attendre, ces sujets, qui englobent toutes les permutations de la sexualité, de l’homosexualité aux droits des transgenres, peuvent faire l’objet d’un langage euphémique et historiquement spécifique. Le défi de la chercheuse consiste à extraire cette information et à encoder les données de façon à ce que les ordinateurs et les moteurs de recherche puissent les retrouver et les relier, pour offrir un accès immédiat aux chercheurs et aux membres du public. Afin de préserver la nature démocratique de cette démarche, toutes les données numérisées par le projet Lesbian and Gay Liberation in Canada de Mme Crompton – l’un des quatre projets de recherche qui seront menés dans le laboratoire Exchange – seront transférées au Canadian Writing Research Collaboratory à la University of Alberta, qui rassemble des données sur l’histoire du Canada datant de 1700. L’information sera hébergée sur une plateforme pour que les chercheurs, les spécialistes et les étudiants interagissent en ligne et mettent en commun leurs recherches et connaissances, ce qui enrichira la compréhension de ces époques historiques méconnues. « Le partage des connaissances historiques favorise une réflexion plus éclairée; on peut voir d’où l’on vient et savoir qu’il est possible de vivre autrement ou d’emprunter une autre direction», ajoute-t-elle.

Rendez-vous sur innovation.ca pour consulter d'autres histoires de recherches en sciences sociales et humaines financées par la Fondation canadienne pour l’innovation. En finançant l’infrastructure de recherche de pointe dans toutes les disciplines et l’ensemble du spectrum des activités de recherche fondamentale et appliquée, la FCI procure aux chercheurs les outils dont ils ont besoin pour voir grand et innover.