Wendy Robbins : Surmonter la colère et l’apathie pour unir nos forces et passer à l’action

Blog
8 mai 2017
Auteur(s) :
Louise Forsyth, Professor Emerita in the Department of Women's and Gender Studies, French and Drama at the University of Saskatchewan; Jennifer Brayton, Sociologist at Ryerson University and current Moderator of PAR-L

Louise Forsyth, blogueuse invitée et professeure émérite au Département d’études féministes et de genre à l’Université de la Saskatchewan, en collaboration avec Jennifer Brayton, sociologue à l’Université Ryerson et modératrice du réseau PAR-L

Louise Forsyth a été présidente de la Fédération des sciences humaines de 1998 à 2000.

Wendy Robbins a été vice-présidente, Questions féministes à la Fédération des sciences humaines en 2003.

Wendy J. Robbins – activiste et féministe aux capacités remarquables, érudite reconnue de par le monde, personne d’influence dans la sphère politique et femme de cœur enjouée, aimante et passionnée – nous a quittés soudainement à la suite d’un anévrisme le 18 avril 2017. Son départ laisse un vide immense. Pendant des décennies, elle s’est efforcée de rendre la société un peu plus juste pour chacun d’entre nous. Elle possédait un don inné pour la collaboration et la communication. « [Wendy] réfléchissait toujours à l’influence positive de ses gestes sur les autres – que ce soit ses étudiants ou des femmes qui se lançaient en politique pour ensuite faire adopter des lois favorables à la cause des femmes, explique Chimène, sa fille. Elle voulait que chaque personne (et surtout chaque femme) ait le droit de disposer de son corps comme elle l’entend, tant sur le plan de la reproduction que de la fin de vie. » (CBC News, 19 avril 2017)

Wendy s’est jointe au Département d’anglais de l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB) en 1984. Là-bas, elle a rapidement mis sur pied un programme d’études féministes, dont elle a été la coordonnatrice pendant de nombreuses années. L’extraordinaire qualité de ses travaux et de son enseignement lui a valu de devenir la première femme à obtenir le titre de professeure titulaire en anglais à l’UNB. Elle a aussi remporté le prestigieux prix Allan P. Stuart, qui récompense l’excellence en enseignement. En 2007, le Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne » lui a été décerné pour sa longue liste de réalisations exceptionnelles. Elle a joué un rôle de pionnière à de multiples reprises, par exemple à la revue Études en littérature canadienne, à la Canadian Association for Commonwealth Literature and Language Studies, à l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU), à la Fédération canadienne des sciences humaines, au Comité d’experts sur les femmes dans la recherche universitaire, au Conseil des académies canadiennes, à la Commission des femmes libérales du Nouveau-Brunswick et à la Commission libérale féminine nationale.

Wendy a mis sur pied de grandes initiatives qui ont eu une incidence majeure sur notre vie de tous les jours, comme le réseau électronique féministe pancanadien PAR-L, une des premières listes de discussion féministe en ligne au monde. Le 8 mars 1995 (la Journée internationale de la femme), à titre de directrice de la recherche au Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme (CCCSF), elle s’apprêtait à lancer PAR-L au moment même où le gouvernement de Brian Mulroney décidait d’abolir le Conseil. Ébranlées, mais n’abandonnant pas, la sociologue Michèle Ollivier (Université d’Ottawa) et elle se sont tournées vers l’UNB pour accueillir le réseau. Toutes les deux bilingues, elles se sont immédiatement mises au travail en tant que modératrices pour définir la liste, recruter des membres, apprivoiser la technologie, donner le ton, établir des paramètres et des critères, vérifier des faits et assurer le bon fonctionnement des activités quotidiennes. Plus de 20 ans plus tard, PAR-L compte quelque 1 500 membres (au sommet de sa popularité, il en comptait près de 3 000 aux quatre coins du monde). Des études et des analyses démographiques annuelles ont révélé que l’influence du réseau s’étendait bien au-delà de la liste de diffusion, car de nombreux membres en partagent le contenu avec diverses organisations et leur propre réseau. Jennifer Brayton, modératrice actuelle et spécialiste technique depuis 20 ans, et Katherine Macnaughton-Osler, ancienne modératrice, ont travaillé ensemble depuis la mort de Wendy pour assurer la survie de PAR-L (les archives, qui remontent à 1995, seront préservées par l’UNB). Elles savent que les archives web sont utilisées par des chercheurs du monde entier dans différents domaines d’études.

En 2003, en tant que professeure invitée à l’ACPPU, Wendy a dirigé une équipe chargée d’étudier l’écart salarial frappant entre les sexes dans les universités canadiennes. « Mme Robbins collaborera avec l’ACPPU à la rédaction d’un rapport statistique annuel, Ivory Towers: Feminist Audits, fruit du travail concerté de la FCSH, de l’ACPPU et du PAR-L. Elle participera également à une enquête nationale, menée par l’ACPPU et la FCSH et visant à mieux comprendre l’écart salarial entre les professeurs et professeures » (extrait d’un communiqué de presse). Ces vérifications ont été publiées sous forme de relevés de notes, lesquels ont fait état de résultats désastreux pendant des années.

Toujours en 2003, Wendy a fait partie du groupe de huit femmes universitaires qui a déposé une plainte devant la Commission canadienne des droits de la personne à l’endroit d’Industrie Canada pour discrimination dans le cadre du programme de chaires de recherche du Canada. En 2006, la Commission a donné raison aux plaignantes en reconnaissant la discrimination contre les femmes, les Autochtones, les personnes de couleur et les personnes handicapées. Malheureusement, leur victoire n’a débouché sur des mesures correctives efficaces ni pour le programme ni pour les universités canadiennes. Ne baissant pas les bras, Wendy était une des sept universitaires restantes à poursuivre en justice le programme de chaires de recherche du Canada dans le but de faire évoluer concrètement le milieu universitaire canadien.

Wendy Robbins était un modèle de passion et de compassion. Elle posait un regard lucide sur la sombre réalité de l’injustice, sentant la colère suscitée par celle-ci, et l’affrontait avec aplomb en compagnie de ses alliés pour provoquer enfin les changements qui s’imposent.

Les enfants de Wendy sont honorés d’annoncer la création du Wendy J. Robbins Women’s Empowerment Fund pour soutenir la présence des femmes dans la sphère publique et leur autonomie personnelle.

Des dons visant à honorer la mémoire de Wendy et à poursuivre sa mission de défense des droits des femmes au Canada peuvent être versés au WENDY J. ROBBINS WOMEN’S EMPOWERMENT FUND de l’Université du Nouveau-Brunswick en ligne, à https://donations.helpforcharities.com/unbdonation/?dept_id=memwrobbins; par la poste, à Memorial Gifts to Development & Donor Relations, University of New Brunswick, PO Box 4400, Fredericton, NB  E3B 5A3; ou par téléphone, au 506-458-7594. Les dons de charité sont déductibles d’impôt au Canada, ainsi que pour les diplômés de l’UNB qui résident aux États-Unis. Toutes les contributions, grandes ou petites, sont les bienvenues. Nous vous invitons à faire connaître le nouveau fonds aux gens de votre entourage. Les dons peuvent être versés à tout moment, maintenant et à l’avenir. Nous espérons recevoir autant de dons que possible d’ici le 4 août, jour de l’anniversaire de Wendy, qui aurait fêté ses 69 ans cette année.