Durabilité du son, énergie culturelle et collection en vue de l’avenir
« Assurer nos avenirs communs », le thème du congrès de cette année, représente dès le départ un défi pour les études musicales puisque la musique consiste en une forme d’énergie dont les vagues sonores sont immatérielles et éphémères. Comme le son ne dure pas, la musique n’est pas durable, et son avenir est silencieux. Nous avons résolu ce problème il y a 150 ans, au moyen de technologies qui captent le son. Cependant, ces supports sur lesquels nous enregistrons les traces fugaces de la musique se composent en entier de matérialité. En outre, depuis que nous fixons les énergies fugitives de la musique sur des supports, nous nous servons de plus de pétrole. Il appert que le plus grand défi à la durabilité découle précisément de cette dépendance de la musique : plus que jamais, la culture musicale dépend du pétrole.
Comme les produits pétroliers façonnent nos vies, comment comprendre que la musique ajoute à notre dépendance d’une économie basée sur le pétrole, surtout en vue du fait que les réserves de pétroles ne sont pas infinies? Dans le contexte de la crise climatique, quelles questions devons-nous nous poser au sujet de la collection, de l’utilisation et de la préservation des archives sonores mondiales? Comment nos préoccupations s’intègrent-elles aux transitions énergétiques que nous savons nécessaires pour imaginer un avenir durable? De tels sujets prennent en compte le fait que, si la transition énergétique concerne la technologie, les ressources, les politiques et l’économie de l’offre, il s’agit aussi d’une question sociale et humaine qui se situe au cœur de nos valeurs relativement à la collection et à la préservation des matériaux culturels, ainsi qu’à leur accès durable.